
LE PATOIS
" Le patois, c'est un langage venu à pied du fond des âges." (Julos Beaucarne)
« Du fonds des âges » : Notre patois est du picard, langue d’oïl, ayant pour origine le latin populaire sur un fond gaulois ou celtique, le tout influencé par des parlers germaniques apportés par les envahisseurs francs.
Au départ, c’est une langue au même titre que le portugais, l’espagnol ou le français, ayant la même origine. Il s'est différencié de l'ancien « françois » à partir du XIe siècle et tout au long du Moyen-Âge, en raison de la centralisation progressive du pouvoir royal en France qui, aux fins d'unification, imposa son propre dialecte à l'ensemble du pays, d'abord en en faisant la langue juridique et administrative puis la langue nationale.
Par la suite, au cours de la Renaissance et de la période classique qui suivit, le français évolua beaucoup de son côté sous l'influence d'éminents linguistes tandis que les dialectes locaux parlés par le petit peuple se transmettaient oralement sans apporter de changements significatifs sinon quelques variations.
« Venu à pied » : Le fait que le patois n'a pas eu affaire à des linguistes « distingués », a eu pour conséquence qu'il a peu évolué et est resté plus fidèle que le français à ses origines celtique, franque ou latine.
Un exemple : on dit une « guêpe » en français, mais une « wesse » en dialecte. Ce mot correspond bien au mot d’origine vespa en latin, racine qui a d'ailleurs été conservée en anglais : wasp; en allemand : wespe; en néerlandais : wesp; en espagnol : avispa; en italien et en portuguais : vespa.
Il a conservé beaucoup de mots disparus dans le français actuel mais que l'on retrouve dans les écrits en ancien français d’avant le XVIIIe siècle.
"Le patois, c'st ein langage qui pousse d’intré les cayaux." (Marcel Gillis)
Du temps passé, i n'avoit foqu' les geins du peûp – ceux qui f'ziont enne coix pou signer – qui palliont l'patois, n'ayant rié d'aute à portée d'leu cœur pou s'féer intinde. (Marcel Gillis)
Au cours du XIXe siècle, les deux langages, le français officiel et le patois, furent pratiqués chacun dans leur milieu respectif - cultivé ou analphabète. Mais, au temps où l’instruction publique reçut pour mission de répandre l'usage du français sur l'ensemble du territoire et notamment dans les campagnes, les linguistes attribuèrent aux patois , en vue de les éradiquer, une forte connotation négative, qui lui reste encore actuellement. (Cfr le flamand, dans la Flandre française, qui a pratiquement disparu).
Conséquence, notre patois, comme d'autres, est, maintenant, considéré par l'Unesco comme une langue « sérieusement en danger ».
