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GAZOMETRE

RUE DU GAZOMÈTRE

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Les jeunes générations savent-elles ce qu’est, ou plutôt, ce qu’était un gazomètre et à quoi ça servait ? Schématiquement on pourrait dire que c’est comme un château d’eau mais à l’envers. C’était un réservoir qui empêchait cette substance volatile qu’est le gaz de s’écouler mais, à la différence de l’eau, en le maintenant vers le bas et en exerçant une pression dessus par son poids. On doit aux trois frères Edmond, Philippe et Louis Manteau, les deux premiers, serruriers, le troisième, ébéniste, tous passionnés de mécanique et curieux de toute nouvelle invention.

La première démonstration, à Mons, de l’utilisation du gaz d’éclairage eut lieu le 27 septembre 1814, donc, peu de temps après la chute de l’empire français, à l’occasion du séjour du nouveau roi Guillaume de Hollande dans leur cité montoise que les frères Manteau firent cette démonstration, face à l’entrée de leur immeuble, situé au coin des rues de la Poterie et de la Voussure. Ils installèrent un portique en forme d’arc de triomphe constitué de tuyaux perforés de place en place où un gaz, produit par une cornue en fer remplie de charbon placée dans un fourneau, circulait, alimentant quelques flammes d’éclairage à la plus grande admiration des montois. Mais ce procédé ne se développa guère en raison du fait que le gaz, non purifié, encrassait rapidement la tuyauterie et dégageait une odeur insupportable.

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Il fallut attendre 1835 pour voir s’installer à Mons une usine à gaz. Elle fut construite par la société de Mrs Lignan et Hiroux (reprise par la suite par un groupe financier montois connu sous le nom de firme Robert et Cie), sur l’emplacement d’un éphémère jardin botanique qui avait été créé sur le terrain de l’ancien couvent des Bénédictines de N D de la Paix, vendu en 1800 comme bien national et démoli la même année. Cet emplacement, qui se situait dans un rectangle formé par les rues actuelles des Canonniers, du Gazomètre, Buisseret et Pécher, occupait une surface de 1,35 ha, au coeur d’un quartier ouvrier où il était facile de trouver de la main d’œuvre. Mons allait, donc, pouvoir bénéficier d’un éclairage moderne, de type industriel.

Le gaz était produit sur place (on l’appelait gaz manufacturé pour le distinguer des gaz soutirés de couches géologiques) puis stocké dans des cuves spécialement aménagées. A Mons, il y en avait deux, de type à colonne. C'était le modèle typique de la Révolution Industrielle, facilement reconnaissable à sa charpente de guidage extérieure caractéristique, et dans laquelle coulissait la cloche du gazomètre. Celle-ci flottait sur une cuve pleine d’eau située sous le niveau du sol, ce qui permettait d'assurer l'étanchéité à la base tout en recevant les parois de cette cloche lorsqu'elle était en position abaissée. Sa hauteur variait, donc, en fonction de la quantité de gaz emmagasinée, En fait le terme gazomètre (créé par l’inventeur du gaz d’éclairage, l’écossais William Murdoch) est impropre car on ne mesure rien dans ce système puisqu’il ne s’agissait que d’un réservoir servant au stockage et à la distribution, et, à l’encontre d’autres applications, sans que jamais la pression (définie par le poids de la cloche) ne varie.

La distribution fut effective dès 1836, au travers d’un réseau de conduites parcourant toute la ville (toujours blottie dans ses remparts). En 1860, on comptait dans cet intra-muros 334 lanternes utilisant ce procédé, et deux encore à l’huile, mais, par souci d’économies, elles ne fonctionnaient qu’une partie de la nuit, et encore, pas pendant les mois de juin ni de juillet, ni pendant les nuits de pleine lune.

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Le 30 mars 1873, en raison des grands travaux en cour de réalisation à Mons (détournement de la Trouille, création des boulevards et des nouvelles voiries environnantes, installation d’un réseau de distribution d’eau au travers de la cité), la Ville de Mons a concédé à un groupe financier, Robert et Cie, qui avait précédemment repris l’exploitation de l’usine à gaz montoise, l’établissement et l’entretien de canalisations devant servir à compléter le réseau d’éclairage et de chauffage déjà existant. Ce contrat, passé devant Me Deportement, notaire à Mons, avait pour but l’installation de l’éclairage dans toutes les nouvelles voies publiques qui allaient être prochainement réalisées sur le site des anciennes fortifications, ainsi que celui des voiries non encore éclairées au gaz.

A noter que, dans ce contrat, la ville, prudente, avait précisé « qu’en cas de découverte d’un mode d’éclairage public autre que celui du gaz extrait de la houille, et dont la supériorité serait constatée, elle se réservait le droit de concéder (avec préavis de trois ans) toute autorisation nécessaire pour l’établissement de ce nouveau système d’éclairage », ce qui allait effectivement arriver avec le développement de l’électricité, mais elle donnait néanmoins à la société alors en charge du réseau la possibilité de faire, dans le délai d’un an, des offres amiables pour se charger du nouveau mode d’éclairage.

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Donc, en vertu de ce contrat, « toutes les voies publiques, quelles qu’en soient les dénominations, rues, places, avenues, parc, boulevards, ruelles, impasses, cours de casernes devaient être éclairées au gaz par le moyen de becs disposés tous les trente-cinq mètres » ; et, à partir de 1881, devaient l’être également « tous les cadrans et établissements communaux. Notamment l’hôtel de ville, le théâtre (il était habituel à Mons, en hiver, d'entendre : « Le gaz baisse, c'est qu'on est en train d'allumer le grand lustre du théâtre »), la salle des concerts et redoutes, les halles et marchés couverts, les lavoirs publics, ainsi que tous les bâtiments fournis par la commune pour le service de l’instruction publique ».

Tous les détails avaient été mis au point par une administration aussi pointilleuse que compétente. Il était stipulé que « le gaz serait en tout temps parfaitement épuré de façon à ne rien laisser à désirer au point de vue des plus récents progrès de la science », et que des vérifications allaient avoir lieu.

Quant au matériel d’éclairage public, branchements, tuyaux extérieurs, robinets, becs, consoles et lanternes, il devait être fourni et entretenu par le concessionnaire, tandis que la Ville avait à sa charge les candélabres en fonte et les poteaux en bois, mais ceux-ci devaient être repeints, à l’huile, aux frais du concessionnaire.

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Chaque lanterne devait être numérotée et former entre elles une seule série au moyen d’un numéro percé à jour dans une plaque de métal posée au sommet de la glace de face, et les chiffres devaient avoir une hauteur de six centimètres pour permettre une lecture aisée. En outre, il serait dressé un plan et un tableau indicatif reprenant l’emplacement et le numéro de chacune, ainsi que le service (catégorie d’éclairage, voir ci-dessous) que chaque lanterne devait faire. Enfin, il était imposé que celles en service soient nettoyées au moins une fois par semaine, et que les verres cassés, par quelque cause que ce soit, sauf les cas de force majeure, soient remplacés sur le champ par un verre blanc, dit double, d’une seule pièce, sans stries ni brouillons.

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Il était convenu que l’éclairage public ait lieu toute l’année - avec un minimum de 2.000 heures - et chaque nuit. Les lanternes étaient divisées en 3 catégories distinctes : les lanternes permanentes (celles qui devaient brûler du soir au matin ; les temporaires (qui devaient brûler au jour et à l’heure de la nuit désignés par la Commune pour le mois à venir) ; enfin, les facultatives qui devaient faire de même mais seulement sur ordre spécial qui était remis douze heures avant l’heure d’allumage demandée.

Pour les lanternes permanentes, une heure précise d’allumage et d’extinction, à chaque fois différente, était détaillée pour chacune des trois décades de chaque mois de l’année. Par ailleurs, la durée de l’éclairage restreint pouvait être prolongée sur réquisition de la ville, et, en cas d’incendie ou de tumulte, le concessionnaire devait, sans attendre d’ordre à cet égard, faire allumer sur le champ les lanternes, si elles ne l’étaient pas toutes, dans le quartier où apparaissait le péril. La Commune pouvait même donner l’ordre de les faire allumer toutes dans toute la ville.

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L’allumage devait être effectué en 40 minutes au plus, donc pouvait commencer 20 minutes avant l’heure prévue et devait se terminer 20 minutes après, au plus tard. Les allumeurs et leurs surveillants portaient ostensiblement pour se faire reconnaître une médaille en cuivre suivant un modèle soumis à l’approbation du collège. Ils devaient avoir leur demeure à Mons et l’itinéraire de chacun d’eux devait être tracé par le concessionnaire. Il fallait qu’un nombre suffisant d’allumeurs soit maintenu sur pied, chaque nuit, pour surveiller l’éclairage et parer aux extinctions prématurées.

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Remarquons qu’au 31 décembre 1908, la ville et les faubourgs étaient éclairés par 1.143 lanternes dont 1.118 alimentées par le gaz et 25 par le pétrole ; avant d’être progressivement remplacés, dans les années 20, par des lampes électriques.

Pour ce qui concerne les habitations privées, le concessionnaire était tenu de fournir le gaz à toute personne qui offrait de contracter un abonnement d’un an ; il était en droit d’exiger, soit que le paiement se fasse par mois et à l’avance, soit qu’on lui fournisse un cautionnement. Les abonnés au compteur avaient la libre disposition du gaz qui était passé par leur compteur ; ils pouvaient l’employer à l’éclairage, au chauffage, à la production de force motrice, où à tout autre usage ; ils avaient le droit de le distribuer comme bon leur semblait à l’intérieur ou à l’extérieur de leur domicile. Le prix maximum du gaz livré aux particuliers devait être fixé pour toute la durée du contrat, et les compteurs, dont le calibre devait correspondre au nombre de becs constituant l’installation, étaient fournis en location.

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Avec l’arrivée du gaz naturel sous pression, l’utilisation du gaz de houille cessa au en 1970 ; et, progressivement jusqu’en 1981, les installations et les bâtiments de l’usine à gaz furent démantelés. Plus tard, la réhabilitation du site, pollué par 150 ans d’activité fut menée par la SPAQUE, fin avril 2004 dans le cadre d'un projet d'aménagement d'un bâtiment à destination de logements avec parking souterrain.

Photo :

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Implantation de l'usine à Gaz de Mons. Extrait du plan Popp. 1888.

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Les gazomètres vus depuis le boulevard. Photo anonyme. FAPMC.

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Vue aérienne des deux gazomètres de Mons. Photo anonyme. Coll. Paul Piérard.

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Réverbère à gaz de houille sur la Grand-Place. Photo Archives photograpiques des Montois Cayaux.

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Allumeurs de réverbère.

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ROSSIGNOL

RUE DU ROSSIGNOL

 

On n'a pas d'idée précise de l'origine du nom de cette rue. On sait qu'en 1551, les jardins du Rossignol étaient voisins de celui de la confrérie du Serment de Sainte Christine (institué le 5 mars 1411) où les membres s'exerçaient à l'arc, puis à l'arquebuse après l'introduction des armes à feu.. D'après un acte de 1680, le culot (impasse) du Rossignol était situé à front de la place Saint-Jehan (ancien nom de la place du Parc). On sait aussi qu'une caserne de cavalerie, appelée quartier du Rossignol, fut vendue par la ville en 1787, puis démolie.

 

Jusqu'à l'urbanisation de la rue du Grand jour qui fit suite à la démolition des remparts et à la construction de la prison, cette rue resta une impasse fermée dans sa partie basse. Ce n'est que lors de la construction de la caserne de gendarmerie en 1871 que la voie publique, toujours appelée rue du Rossignol, a été ouverte de bout en bout, bien qu'un étroit goulot subsista dans le bas, gênant la circulation des véhicules. Il fallut attendre un accord intervenu entre la Ville, la Province et l’État, nécessité par le besoin d’agrandir les locaux de la caserne de gendarmerie, pour permettre à la ville de trouver (en 1908) le financement pour l’élargissement à 12 mètres du bas de la rue par expropriation des immeubles, ce qui était pourtant déjà approuvé depuis 1897. Mais ce n'est qu'en février 1915 que la Ville, dans le but de donner du travail aux ouvriers qui étaient au chômage en raison de la guerre, s’est décidée à abattre les quelques bicoques qu’elle avait acquises déjà depuis plusieurs années.

 

La caserne de gendarmerie fut construite en 1871-1872 à l’initiative de la Province de Hainaut, d'après les plans de l’architecte de la province Charles Damas-Vincent, à l’emplacement des jardins de l’ancien couvent des Visitandines, venant malheureusement masquer la superbe façade renaissance de l’ancien couvent. Auparavant les gendarmes étaient casernés dans les bâtiments de l'ancien refuge de l'abbaye de Saint-Feuillien (actuel îlot de la Grand-Place).

A l'époque de leur emménagement, leurs effectifs se composaient de 4 officiers, 2 adjudants, 9 maréchaux des logis, 9 brigadiers et 118 gendarmes. La plupart logeaient dans la caserne. En plus des logements , la caserne abritait des écuries pour leurs montures.

 

C'est en raison du voisinage de la gendarmerie, qui était visée, que les bâtiments des Archives de l'État alors installées dans l'ancien couvent des Visitandines, place du Parc, brûlèrent presque totalement sous les coups des bombardements allemands du 10 mai 1940.

Face à la caserne de gendarmerie, venait déboucher I'impasse Sainte-Christine, bel exemple de « bataillon carré » : parcelles bâties appartenant à un seul et même propriétaire , formant un groupe d’habitations établies le long d’une impasse ou d’une cour intérieure, reliée à la voie publique mais séparées de cette dernière par une porte fermée le soir et ouverte le matin. Ce genre de construction résultait simplement de la spéculation foncière que l’on retrouvait jusque dans les quartiers populeux.

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Ici, il y avait vingt neuf parcelles de 34 à 40 ca (en 1870), bâties, en deux rangées, de maisonnettes accolées les unes aux autres. Comme sanitaires, il y avait, pour tout le monde, au milieu de la ruelle, une pompe à bras et, dans le fond de l’impasse, des fosses d’aisance. Dans ces petites maisons, il n’y avait, au rez de chaussée, que deux pièces : la cuisine et la chambre à coucher des parents ; à l’étage, directement sous les tuiles, on disposait deux-trois paillasses en guise de lits pour les enfants. En général, les hommes étaient des plafonneurs, des peintres en bâtiment, des maçons, des  « r’metteus d’carbon » ; et les femmes étaient lavandières, femmes à journées, tricoteuses, couturières, giletières ; et celles qui n’avaient pas de travail allaient « cacher à z’escrabies » dans les bacs des maisons bourgeoises, pour réchauffer leurs enfants, le soir, après l’école. Actuellement, l'impasse a laissé place à la sortie du parking du magasin Delhaize (qui a succédé au garage Wattier).

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Photos :

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La caserne de gendarmerie. Carte postale oblitérée en 1913. Ed.Préaux, Ghlin.Coll. De l'auteur.

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Le goulot d'étranglement au bas de la rue du Rossignol.Carte postale non datée. Ed. Thilll, Bxl. Coll. de l'auteur.

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Le voisinage de la caserne avec le bâtiment des Archives de l'Etat. Carte postale non datée. Ed. Nels, Bxl. Coll. de l'auteur.

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L'impasse Sainte-Christine. Carte postale datée de 1904. Ed. Nels, Bruxelles. Coll. de l'auteur.

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ST PIERRE

AVENUE DE SAINT-PIERRE

 

 

Cette avenue doit son nom au chemin qui menait depuis le fort d'Havré (actuel Waux-Hall) jusqu'au fortin de Saint Pierre, qui fut construit à l'emplacement d'un ancien moulin domanial portant ce nom protecteur de Saint-Pierre en raison de la proximité cet endroit d'une chapelle dédiée à ce saint. Cette chapelle devait son existence au fait qu'au Moyen-Age, les personnes atteintes de maladies contagieuses étaient tout simplement chassées de la ville et devaient trouver refuge dans des masures regroupées en dehors des murs. Parmi celles-ci, une chapelle avait été construite et avait été naturellement dédiée à Saint-Pierre celui-ci étant particulièrement invoqué par les populations pendant les épidémies du Moyen-Age. Malheureusement celle-ci, particulièrement exposée, disparut en 1572, intentionnelle ment rasé lors du siège de la ville par les troupes espagnoles du duc d'Albe.

 

Pour en revenir au moulin Saint-Pierre (mentionné dès 1336 pour avoir été géré par un certain Jacques de Liedekerke), celui-ci, à l'origine, servait à moudre le blé, mais, au XIVe siècle, il fut utilisé comme tordoir à huile, puis, il fut partiellement transformé en tannerie, ensuite en foulerie avant d'être racheté par le domaine comtal en 1539 et être exclusivement consacré à produire de la farine de blé. Signalons que cette activité entraîna une liaison par voie d'eau avec la ville : tous les jours, une barque sortait de celle-ci pour amener au moulin, et en ramener, les « moulnées » des bourgeois de Mons1.

 

Il redevint foulerie après le siège de 1691, mais fut ruiné lors du siège de 1709. Reconstruit, il fut à nouveau démoli en 1746 lors du siège de la ville2 dont il était un élément défensif : c'est en effet de là que se commandait l'ouverture de l'écluse située à ses pieds. Celle-ci, protégée par deux levées de terre en manière de redoute permettait de provoquer l'inondation, d'un côté, des prairies dites des Pichepots, jusqu'au Trouilllon, et de l'autre l'inondation des marais du Joncquois jusqu'à la porte de Bertaimont. Une nouvelle fois démoli en 1799, il fut reconstruit puis disparut définitivement en 1824 lors de la construction à cet endroit clé du fort Saint-Pierre faisant partie de la dernière fortifications de la ville.

 

Situé en face des bastions 5,6 et 7, à une distance de 700 à 800 mètres, ce fortin avait pour but de protéger les digues de la Trouille situées en amont de la place-forte et, surtout, l'écluse de retenue alimentant les inondations des premiers bassins. Il consistait en un réduit casematé recouvert de gazon, entouré de fossés pleins d'eau que trois ponts permettaient de franchir pour y accéder. La rivière passait sous une arche barrée de deux piles enpierre. Quatre embrasures à canon disposées sur la rive droite défendait son approche. Intérieurement le réduit était divisé en 4 locaux devant servir de logements et de magasins d'approvisionnement, de 5 mètres de largeur chacun et de 4 mètres de hauteur. Il s'y trouvait également un petit magasin à poudre bien sec et bien, aéré3.

Lors de la démolition de ces fortifications, les travaux concernant le fort furent attribués le 27 septembre 1861 à deux entreprises de St-Symphorien4,

Pour le situer par rapport à maintenant, celui-ci se trouvait à l'extrémité sud (côté Hyon) de la pièce d'eau qui longe actuellement l'avenue Gouverneur Cornez.

 

Il n'est resté qu'un canal en pierre, non seulement fort étroit mais, en plus, diminué par par les deux piles. On imputait à ces piles les inondations qui envahirent en 1890 et en 1906 le quartier de l'avenue Saint-Pierre. Non seulement le passage laissé aux eaux pendant les crues étaient insuffisants, mais en outre les piles retenaient des bois, des végétaux et des détritus en tous genres entraînés par le courant, qui obstruaient ce goulet. Pour ces raisons, en 1908, les piles du pont furent démolies et il n'y eut plus d'inondations dans le quartier de Saint-Pierre.

 

Signalons que jusque dans les années 1960, une jolie passerelle métallique, enjambait la rivière à l'extrémité de l'avenue Saint-Pierre actuelle pour permettre aux piétons gagner l'autre rive.

 

1 Gérard Bavay, Cahier n°4 de la Maison de la Mémoire.2016.

2 François Colette. A la découverte de ma commune, Hyon. Mons' livre. 2019.

3 Françoise Stas. Les fortifications de Mons du Moyen-Age au XIXe siécle. 1983.

4 Bruno Van Mol. Les fortifications de Mons du moyen âge au XIXe siècle. Cataloge d'exposition. 1983.

Photos :

 

Le moulin S-Pierre. Lithographie de Germain Lheureux. 1826. BUMons.

 

Le chemin menant au fort St-Pierre. Extrait du plan levé par la brigade Topograhique Belge.1858.

 

Plan du fort St-Pierre dessiné par le capitaine du Génie français Vioux. 1831. Ministère de la défense. Vincennes.

 

Vue en coupe du fort St-Pierre dessiné par le capitaine du Génie français Vioux. 1831. Ministère de la défense. Vincennes.

 

Vue du fort S-Pierre.Dessin de Léon Dolez. 1862. BUMons.

 

L'avenue St-Pierre le long de la Trouille. Extrait du plan dessiné Par Joseph Hubert. Edit. E. Dacquin, Mons. 1880. BUMons.

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