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RUE CLAUDE DE BETTIGNIES

Cette rue porte depuis 1955 ce nom en souvenir de cette famille qui fut illustrée par plusieurs artistes, orfèvres, sculpteurs, architectes, ébénistes mais particulièrement par Claude Joseph De Bettignies (1675-1740) qui fut sculpteur et architecte et à qui l'on doit plusieurs réalisations religieuses dans la ville. On lui doit le campanile de l'église Sainte-Élisabeth, la reconstruction de l'église Saint-Nicolas-en-Havré, qui avait été ravagée par un incendie, la chapelle du couvent des Visitandines, et enfin la chapelle du couvent des Ursulines, située dans la rue qui porte désormais son nom.

En 1634, les Ursulines de Givet, réfugiées à Mons suite à des troubles dans leur pays, obtinrent du Conseil de Ville l'autorisation de s'établir dans l'habitation de Jean Malapert, sise rue des Kiévrois (ancien nom de la rue qui devint dès lors, rue des Ursulines). Ces religieuses s'engagèrent à « instruire la jeunesse aux bonnes lettres, à chanter la musique, jouer des instruments et autres avantages pour le public ; le tout gratis ». Toutefois, ce ne fut qu'en 1654, après maintes difficultés, que l'établissement des soeurs Ursulines dans la ville fut définitif

Les premières constructions de leur couvent sont effectuées entre 1659 et 1662. Elles sont toujours visibles au sein des bâtiments actuels. Depuis lors, les religieuses n’ont eu de cesse de l’agrandir par des acquisitions successives de maisons environnantes ainsi que par la création d’un vaste jardin. Ensuite, c'est l’ère des grandes constructions qui commence, en 1704, les Ursulines démolissent les petites maisons qu’elles occupent et entament la construction d’une grande église. Malgré l’écroulement du bâtiment en construction, en 1706, l’effort est repris, et en un quart de siècle plus tard, les religieuses auront érigeé tout le monastère encore partiellement visible aujourd’hui : les parloirs en 1707 (c’est-à-dire les six travées actuellement à gauche de la chapelle), la chapelle en 1707-1711, puis l’oratoire privé des religieuses et le bâtiment des pensionnaires, en 1715-1716 (à droite de la chapelle) , enfin le corps de logis des écoles, en 1728-1729 (à gauche des parloirs).

L’ensemble ainsi réalisé fait preuve d’une grande unité. Au total, ce sont vingt-sept travées qui composent à front de rue ce bâtiment Renaissance, et ce, malgré la succession de différents architectes. Mais le principal maître-d’œuvre, secondé par le frère récollet Michel Maur et l’architecte Simon, ce fut Claude De Bettignies.

L’élément principal, c’est bien sûr la chapelle, avec sa nef unique de quatre travées, terminée par un chevet à trois pans, et surmontée de son élégant campanile. On y entrait par le grand portail du milieu de la façade. De Bettignies était également l’auteur de la plupart des objets du mobilier, dont le maître-autel, transféré plus tard en l’église Sainte-Elisabeth, où on peut encore le voir aujourd’hui.

A l’époque, plein apogée de l’institution, on comptait en moyenne cinq cents élèves,  uniquement des jeunes filles reçues en internat ou en externat et une quarantaine de religieuses. Si l’enseignement était gratuit pour les externes, par contre, les pensionnaires devaient payer assez cher, mais recevaient une éducation plus approfondie. L’enseignement, à cette époque, était axé sur l’écriture, le calcul et les travaux d’aiguille, sans oublier bien sûr, l’instruction religieuse et la pratique des bonnes mœurs. En outre, il y avait, le dimanche, une école pour les jeunes filles et femmes qui travaillaient la semaine et apprenaient à lire et à écrire sur le tard.

En 1793, après la bataille de Jemappes, les Français entrent à Mons et confisquent les biens des Ursulines. Puis l’église est réquisitionnée pour être convertie en magasin à farine. La congrégation des Ursulines fut finalement supprimée en 1797 par la loi abolissant toutes les communautés religieuses.  En avril 1798 les soeurs sont finalement chassées du couvent et doivent se disperser en ville. Mais, envers et contre tout, l’instruction est poursuivie en cachette. Entre-temps, le couvent est affecté à la nouvelle École Centrale du Département de Jemappes, et l’église transformée en temple de la Raison.

En 1803, suite au Concordat, un arrêté du préfet du département remet le couvent à la disposition des Ursulines, et les religieuses reprirent leur enseignement. Les classes dominicales s’ouvrent à nouveau en 1840. En 1842, l’établissement accueille 62 pensionnaires et comporte six classes gratuites totalisant 400 enfants. En 1853 une nouvelle aile est construite pour abriter le pensionnat de plus en  fréquenté. En 1870, arrive la première institutrice laïque et l’on fonde des classes ménagères. Au début du XXe siècle, en 1905, ce sera l’école professionnelle qui sera créée, puis le musée d’appareils scientifiques, la salle de gymnastique, le théâtre, les salles de musique. Dans les années trente s’ouvriront les premières classes d’humanités latin-grec.

En 1807, le creusement du canal de Mons à Condé fait perdre au couvent les trois cinquièmes de ses jardins. En 1818, cette fois, c’est la construction des fortifications hollandaises qui ampute encore la propriété, et c’est à nouveau le cas lors de la construction du chemin de fer en 1842, puis en 1872, en vue du percement de la rue de la Houssière, mais à chaque fois des négociations permirent aux sœurs de récupérer d’autres terrains, bien que certaines indemnités ne furent jamais payées.

En 1914, le couvent devient hôpital militaire allemand et c’est à nouveau l’exil dans diverses maisons de la ville, avant de pouvoir réintégrer les locaux. L’entre-deux-guerres est marqué par l’installation de l’électricité dans toute la maison.

Et puis, c’est 1940, un tournant pour le monastère : le bombardement du 11 mai 1940 détruit toute l’aile du pensionnat. Le 18 juin 1942 à trois heures du matin, de nouvelles ruines sont causées par des bombes ; la classe continue cependant, dans quelques locaux. Mais, finalement, le bombardement du 10 mai 1944 aura raison du courage des religieuses : trop endommagé, il faudra quitter définitivement le monastère, après trois siècles de présence. Le 6 octobre 1945, les Ursulines reprennent, cependant, leur enseignement en trouvant refuge dans diverses habitations mises à leur disposition par des familles montoises,

L’impossible reconstruction des bâtiments de la rue des Ursulines et la superficie disponible devenue trop étroite pour encore servir de cadre au développement pédagogique contemporain, conduisent à l’achat d’un vaste terrain le long du Boulevard des Etats-Unis (actuel Boulevard Kennedy). Un jour d’été 1948, les plans de la future implantation sont présentés à la Communauté des religieuses et juin 1954 voit la pose de la première pierre. En 1957, c’est l’entrée dans le “bâtiment jaune ”. Malheureusement, faute de place, les classes primaires sont maintenues à la rue de Nimy. Elles ne s’installeront à l'Avenue du Tir qu'en septembre 1968.

  Les anciens bâtiment conventuels subsistant furent mis en vente  et achetés en 1955 par un particulier pour y aménager un commerce de meubles et d’antiquités.

Le 30 septembre 1980, année où l’édifice est classé, la chapelle fut revendue à la Province de Hainaut qui y installa son imprimerie. En 1999, le Fonds du Logement wallon (FLW) achète l’ancien couvent et y effectue des travaux avant d’ y emménager en 2001. En 2002, le FLW noue un partenariat avec le SAPHA (service d’accompagnement de personnes handicapées adultes) qui cherche des logements supervisés et des bureaux. Le projet de réhabilitation du numéro 8 de l’ancien couvent prend forme. Le chantier se termine en octobre 2013. Entre-temps, en 2008, la Ville de Mons acquiert la chapelle pour y aménager une « Artothèque », dans la perspective de Mons 2015. Centre névralgique du Pôle muséal de la Ville de Mons, l’Artothèque remplit les missions de conservation, de restauration et d’étude scientifique des collections dont elle a la gestion. En outre elle a pour rôle la promotion du patrimoine montois, en servant d’écrin aux œuvres et en les rendant accessibles virtuellement au public.

DE BETTIGNIES

Vue à vol d'oiseau du couvent des Ursulines. Carte postale non datée. Ed. Thill. Bruxelles. Coll. De l'auteur.

Vue de la façade du couvent des Ursulines.

Lithographie de L. Van Peteghem vers 1880. BUMons.

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Vues de la cour intérieure. Carte postale non datée. Ed. Breger, Paris. Coll. De l'auteur.

Vue de la deuxième cour.

Le maître-hôtel de la chapelle du couvent.

Le jubé de la chapelle

Les bâtiments jumeaux du pensionnat.

Le jardin des "petites".

Le jardin des "grandes" et la place Léopold  derrière.

La charpente métallique de l'Artothèque à l'intérieur  de la chapelle des Ursulines. Photo de l'auteur.

GODFROID

RUE RAOUL GODFROID

Cette rue, rebaptisée lors de la mise à sens unique des boulevards, rappelle le nom du sculpteur Raoul Godfroid, né à Mons en 1896 et décédé en 1977 . Voici son parcours : il a d’abord étudié à l’École normale de Mons, avant de suivre les cours de l’Académie des Beaux-Arts de sa ville natale. Paul Dubois (monument Antoine Clesse) et Léon Gobert (ropïeur, monument aux morts) guidèrent ses premiers pas (1917-1920), avant qu’il ne se rende à Paris, à l’Académie du Louvre, puis à l’Académie de la Grande Chaumière où il rencontra le sculpteur Bourdelle et dans l’atelier duquel il travailla.

À son retour à Mons en 1922, il enseigne dans différents établissements d’enseignement moyen avant d’entrer comme professeur à l’Académie des Beaux-Arts en 1933, puis d’en être nommé directeur (1951-1961). Il dirige également l’École supérieure d’Architecture et l’Institut d’Urbanisme de la ville de Mons, tout en poursuivant une activité de sculpteur, d’architecte, de restaurateur de maisons anciennes, de céramiste, de faïencier et de médailleur. Il signe plusieurs monuments visibles dans l’espace public de Mons (buste de Désiré Prys, rue des Gades, plusieurs bas-reliefs de l'ancienne gare de Mons, la statue de Léopold II, rue des Fossés, buste de Marcel Gillis au jardin du Mayeur, La Sagesse, la Vérité à l'Hôtel de Ville).

 

Résistant par la presse clandestine durant la Seconde Guerre mondiale, il fut actif au sein de Wallonie libre. En 1943, il a aussi contribué à l’ouverture de la Maîtrise de Nimy dont les potiers travailleront à la renaissance du grès dans un esprit de lutte contre le rationalisme et le fonctionnalisme. Animateur de la vie artistique montoise, Raoul Godfroid a été l’un des créateurs de la Fondation Plisnier (1954), le romancier étant un ami de longue date. Il est l’auteur d’une monographie intitulée Les origines françaises de la peinture flamande du XVe siècle.

RUE DE LA GRANDE TRIPERIE

Cette rue prit ce nom (cité pour la première fois en 1321) en raison de l'existence sur ses abords d'une industrie drapière réunissant des fabricants de tissus épais de laine ou de fil se travaillant comme le velours, appelés « tripes ». Triperie indiquait donc la réunion de tripiers c'est à dire de marchands de tissus.

Aux laborieux commerçants du XIVe siècle, ont succédé, au XVIIIe, des familles d'aristocrates et de grands bourgeois qui y ont fait bâtir de somptueux hôtels de maître dont la plupart subsiste encore1. Voyez plutôt :

Déjà, au coin de la rue de Houdain, on peut admirer un alignement de onze baies homogènes s'alignant dans un rythme rapide pour former la façade latérale d'un bâtiment de style montois datant du 3eme quart du XVIIIe siècle, entièrement construit en pierre bleue.

Á côté, au n°3, se situe un vaste hôtel classique du 2e tiers du XVIIIe siècle présentant trois niveaux de sept travées dont un percé d'un portail en cintre surbaissé, actuellement occupé par une étude notariale. Sur la façade figurent deux plaques commémoratives l'une rappelant la naissance dans cette demeure d'Adolphe Mathieu (1804-1876) écrivain et conservateur de la section des manuscrits de la Bibliothèque Royale de Belgique), l'autre la présence dans cette même maison de l'homme politique montois, ministre d'état, Fulgence Masson (1854-1942).

Au n° 13 -15, on trouve une large habitation en briques et pierre bleue, rythmée par sept travées et datée de 1665 par ancre sur la façade. Elle présente sur la gauche un beau portail de style Louis XIII que les architectes décrivent de la façon suivante : « portail dont l'arc à bossage, frappé d'une clé en console sous archivolte à volutes, porte un riche cartouche à mascaron. Il s'appuie sur deux piliers bandés, à base et chapiteau ionique, coiffées d'un vase piriforme ». Ajoutons que sur la façade arrière deux ailes en retour d'équerre complètent la demeure.

Au n° 17-19, s'élève une construction du XVIIIe siècle dont la façade a été coupée en deux par l'intégration d'une chapelle au XIXe siècle. Celle que les Pères Rédemptoristes firent construire en1850 - 51 au milieu de l'ancien hôtel de la famille Malapert où ils venaient de s'installer (1848). (Les Rédemptoristes formaient une congrégation de prêtres et de frères, prédicateurs et missionnaires, fondée le 9 novembre 1732, à Scala en Campanie, destinée à l'évangélisation des masses populaires). Après le départ des derniers religieux, la chapelle, désacralisée, fut transformée en 2013 en hôtel de luxe. Fort heureusement, la restauration et transformation de cette ancienne église a préservé les rosaces, ogives, vitraux, colonnes et pierres d'origine. Par ailleurs, une partie des locaux de l'ancien couvent fut transformée en établissement scolaire qui fut repris par la suite par l'UMons.

Au n° 20 on peut admirer un hôtel de maître de style Louis XVI tardif datant de XIXe siècle qui a appartenu à la famille Holfstapfel et où s'est installé, le 1er juin 1878, le Bureau de Bienfaisance dont l'enseigne figure toujours sur le fronton du portail.

Au numéro 21, contigu à l'ancien couvent des Rédemptoristes, se situe le Centre psycho-médico-social de la Province de Hainaut, cette bâtisse moderne, avant-dernière en descendant la rue à gauche, occupe l'ancien emplacement du riche refuge de l'abbaye du Bélian de Mesvin (XVIIe siècle). Ce bâtiment fut remplacé par la suite par l'hôtel Lebrun de Miraumont édifié dans le style Louis XV, puis, cet hôtel devint par héritage l'hôtel de la famille des comtes de Robersart de Choisy Par après il fut transformé en home pour jeunes filles avant d'être restauré par Mr Caulier, brasseur et sénateur de l'arrondissement de Soignies qui en fit des appartements loués à divers particuliers. Puis l'hôtel de Robersart devint cercle militaire où se réunissaient les soldats de la garnison casernés non loin, à la rue des Soeurs Noires. Enfin, il fut une nouvelle fois restauré par le notaire Anatole Jeanmart avant de finir démoli et remplacé par le siège de l'institution provinciale (2).

Le n° 23 formant le coin de la rue et la Croix-Place était occupé par l'hôtel de Molembaix de Bellignies. Encore une vaste habitation construite en briques et pierres dans le dernier tiers du XVIIIe siècle : on dénombre huit travées dans la rue de la Grande Triperie, dont la porte d'entrée, et sept à front de la Croix-Place, dont une porte cochère à l'extrémité.

Au n° 26 se situe un très bel hôtel de maître classique, dit la « maison Letellier », entre cour et jardin, datant du dernier tiers du XVIIIe siècle. Au fond de la cour pavée, se dresse une grande habitation à deux niveaux en briques et pierres sur un plan en U. La façade, enduite, est constituée de cinq travées en double corps, flanquée sur l'avant d'ailes en retour comptant chacune deux travées sur cour et deux travées latérales aveugles. Dans leur prolongement s'avancent deux bâtiments identiques rythmés d'arcades abritant des remises. La travée centrale est soulignée par un frontispice surmonté d'un entablement coiffé d'un fronton triangulaire. A front de rue se trouve un pavillon d'entrée à la façade de style Louis XVI, ouverte au centre par un portail cintré sous un entablement surmonté de deux couples de pots à feu.

L’Hôtel Le Tellier doit son nom à Abel Le Tellier (Mons 1843–1922), époux de Maria Ectors (Louvain 1848–Mons 1911). Il fut avocat à Mons depuis 1864, bâtonnier de l’Ordre des Avocats, président du Cercle Archéologique de Mons, bibliophile et collectionneur d’objets d’art. Il fut l’un des chefs de file des catholiques montois. Après avoir acheté l’hôtel qui porte son nom, il devint membre, puis secrétaire, enfin président du conseil de fabrique de Ste-Waudru. Il offrit à la collégiale la décoration néogothique de la chapelle Ste-Aye (déambulatoire, 3e chapelle côté nord) : un retable par Goffaerts et un vitrail par l’atelier Ladon. Sur celui-ci figure un portrait probable de son plus jeune fils, Marcel Le Tellier, avocat lui aussi, qui occupa la maison par la suite. Abel Le Tellier eut 10 enfants (!), ce qui peut expliquer l’achat d’une maison si vaste…3 Actuellement toujours une propriété d'un privé, cet édifice remarquable, l'un des plus beaux de Wallonie, a été classé en 2008 aussi bien pour son extérieur que s on intérieur (hall et escalier).

En face de l'ancienne chapelle des Rédemptoristes, au n°30, se trouvait l'hôtel d'Arberg. Ce bâtiment, construit en 1775, présentait une façade de onze travées interrompue par un large frontispice, et se terminait de chaque côté par un portail monumental de style Louis XV. Nicolas Antoine, comte d’Arberg, de Valengin et du Saint-Empire, seigneur d'Ollignies, né à Nivelles le 20 juillet 1736, décédé à Bruxelles le 17 septembre 1813 était un militaire autrichien. Il occupa de nombreuses fonctions : chambellan de l'impératrice Marie-Thérèse (1768), puis de l'empereur Joseph II ; lieutenant général, chef d'une division des armées ; colonel propriétaire d'un régiment de dragons ; feld-maréchal et grand maître des cuisines de la cour des gouverneurs généraux des Pays-Bas, l'archiduchesse Marie-Christine et le duc Albert de Saxe-Teschen (de 1785 à 1789). Il était membre de l'État noble de Hainaut et conseiller d'État d'épée et fut nommé grand bailli de Hainaut par lettres patentes du 27 février 1788, en succession du duc d'Arenberg. Franc-maçon, il fut vénérable de la loge « La Vraie et Parfaite Harmonie » de Mons, de 1770 à 1777 et substitut du grand maître de la Grande Loge provinciale (4)

Après sa nomination comme grand bailli de Hainaut, il fit, le 11 novembre 1788, une « entrée » officielle à Mons désastreuse en raison du mécontentement et des tensions latentes dans le pays depuis les réformes mal acceptées de l'empereur. Il fut, en effet, reçu par des moqueries et des quolibets de la part des Montois qui tournèrent ce haut personnage en ridicule dans des pamphlets et notamment dans une chanson populaire très en vogue à l'époque (5). (Par contre, son successeur, le prince Charles de Ligne, parce que seigneur hennuyer fut reçu, lui, avec beaucoup d'enthousiasme lors de son « entrée » à ce titre, le 8 août 1791.)

Le régiment des Chevau-Légers (sic) dont le comte d'Arberg était colonel, avait été constitué à Mons par le prince Ferdinand de Ligne. A la mort du comte d'Arberg, il prit le nom de son nouveau propriétaire, le comte de Latour, et devint particulièrement redouté sous le vocable de « Dragons de Latour » pendant les guerres de la Révolution, notamment à la bataille de Jemappes, et de l'Empire. Ses cavaliers, au service de l'empereur d'Autriche, provenaient tous de la région de Mons, ce qui permet de rappeler qu'à la bataille de Waterloo, des Montois combattaient pour chacun des deux camps.

Pour en revenir au comte d'Arberg, celui-ci n'habita pas longtemps son magnifique hôtel, les révolutionnaires français l'en délogèrent après leur victoire de Fleurus, et y installèrent le 2 frimaire an IV (novembre 1795), jusqu'à sa dissolution, l'Administration Centrale du Département de Jemmapes (sic). Plus tard, au début du XIXe siècle, le comte de Glymes en fut le propriétaire, puis il fut racheté vers le milieu du siècle, par Adolphe Francart, grand avocat, plusieurs fois bâtonnier du barreau de Mons, à la pointe du combat pour l'abolition de la peine de mort. Président des avocats de Belgique, il participa notamment à un congrès international à Moscou. Il eut huit enfants.( Pour la petite histoire, au décès d'Adolphe, sa veuve dut vendre à Paris quatre tableaux attribués au peintre Boucher qui furent remplacés par des copies. Ils ornaient les dessus des quatre portes de la salle à manger). Félix, le septième enfant du couple, reprit la maison après la mort de ses parents, vers 1910. La famille de Félix n'occupait pas l'ensemble de l'immeuble. Elle habitait les pièces des six travées de la partie de droite. Le reste, la partie de gauche était louée par l'État aux services du Cadastre puis l'État, toujours locataire, y installa l'École Technique supérieure de l'État à la fin des années cinquante. Félix Francart devenant trop âgé pour continuer à occuper seul l'immeuble et l'État cherchant à étendre l'école, celle-ci fut agrandie et occupa l'ensemble de l'immeuble, toujours comme locataire, à partir de 1965. Mais l'immeuble présentait des problèmes de sécurité, notamment pour le splendide grand escalier en chêne empêchant d'abriter à l'étage des étudiants. La location fût interrompue et les enfants de Félix Francart furent contraints à leur grand regret de chercher à vendre l'immeuble. De nombreuses démarches furent entreprises par eux et le Notaire Hambÿe pour tenter de sauver l'immeuble mais ils ne trouvèrent aucune aide, aucun soutien pour éviter le pire et c'est avec grande peine qu'ils durent accepter la démolition, en 1968, de la maison familiale à laquelle ils étaient tous les trois si attachés. Certains éléments furent démontés avant la démolition : les boiseries sculptées, les lambris et les portes du grand salon et du bureau furent réintégrées dans un château du baron de Giey près de Deinze (6). Il fut remplacé par un hôtel pour touristes qui ne subsista pas longtemps. Le bâtiment fut alors racheté par l'UMons pour en faire des logements pour étudiants. En 2015-2016, il fut rénové de fond en comble - seule la carcasse en béton a subsisté - et offre actuellement une centaine de chambres pour étudiants avec tout le confort.

Plus bas, au n° 42, se trouve un bel hôtel de maître classique en briques et pierres bleues, daté de 1751 sur le fronton qui couronne la travée centrale. La façade dont les pilastres composites donne un aspect très vertical, présente deux niveaux de six travées centrées sur un portail d'entrée monumental dont les impostes sont en plein-cintre et le fronton en arc de cercle. L'ensemble est aligné sous une lourde corniche de pierre assez inhabituelle. Il est actuellement occupé par une institution publique d'aide sociale : la CAPAC.

Á côté, au n° 44 , contrastant avec le précédent par son horizontalité, un hôtel de maître de style classique très sobre de la 2e moitié du XVIIIe siècle. Il est composé d'un double corps en briques et pierre bleue comportant sept travées de deux niveaux dont une se compose d'un portail en anse de panier surmonté d'une fenêtre à garde-corps en fer forgé du plus bel effet. Cet hôtel est actuellement occupé par la Maison de la Laïcité de Mons.

En conclusion, cela nous fait, rien que pour cette rue, huit hôtel de maître présentant de nombreuses travées ; mais plus d'un côté que de l'autre, ce qui explique qu'il y ait une différence importante de numérotation entre les côtés pairs (la dernière habitation porte le n°52), et impairs (la dernière porte le n°23)

Les notes architecturales proviennent du tome IV de « La Belgique Monumentale. »

Georges Sohier. Mons , chronique des rues et maisons Bibliographie montoise. 1981.

Noël Spitaels sur Facebook.

Brunneel et Hoyois. 2001.

Georges Sohier. Op. Cit.

6Xavier Francart sur Facebook. 2021.

Photos :

Alignement de onze travées de l'habitation formant le coin de la rue de Houdain. Photo de l'auteur, 2021.

Façade du n°3 de la rue de la Grande Triperie. Photo de l'auteur, 2021.

Plaque dédiée à Fulgence Masson au n°3 de la rue. Photo de l'auteur, 2021.

Plaque dédiée à Adolphe Mathieur au n°3 de la rue. Photo de l'auteur, 2021.

Portail Louis XIII au n° 13. Photo de l'auteur, 2021.

Façade de l'ancien hôtel Malapert coupée en deux par l'église des Rédemptoristes. Photo de l'auteur, 2021.

Intérieur de l'église des Rédemptoristes . Carte postale non datée. FAPMC.

Au n°20, départ de la soupe populaire devant le Bureau de Bienfaisance. Carte postale du début du XXe siècle. FAPMC.

Ancien hôtel de Molembaix au n°23. Photo de l'auteur, 2021.

Pavillon d'entrée de la « Maison Letellier » et l'ancien hôtel d'Arberg. Photo anonyme d'avant 1968. FAPMC.

Cour intérieure de la « Maison Letellier » au n°26. Photo La Belgique monumentale.

L'ancien hôtel d'Arberg. Photo anonyme d'avant 1968. FAPMC.

Le « Grand Hôtel de Mons construit à la place de l'hôtel d'Arberg. Carte postale non datée. Coll. de l'auteur.

Cité estudiantine rénovée ayant remplacé le « Grand Hôtel » Photo sprl A229.

Les n° 42 et 46 de la rue Photo La Belgique Monumentale.

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