RUE COSPEAU
Philippe Cospeau, d'une ancienne famille noble montoise, était fils de Louis Cospeau et de Michelle Mainsent. Le jeune Philippe, après avoir commencé ses études au collège de Houdain, alla les continuer ) Louvain sous Juste Lipse. Il y obtint le premier prix et marqua tellement dans les matières ecclésiastiques, que le Chapitre de Saint-Germain, paroisse où il avait été baptisé le 15 février 1571, le rappela dans sa ville natale pour le faire chanoine, bien qu'il n'eut pas encore dix-huit ans accomplis. Mais Cospeau résigna sa prébende à son frère Jean en 1597, pour occuper à la métropole, à Cambrai (qui faisait encore partie des Pays-Bas), un meilleur canonicat.
Philippe était destiné à une fortune plus élevée encore : il se fit recevoir, dès 1604, docteur à l'université de Paris. Chargé tout d'abord d'un cours de philosophie à l'institution de Tréguier il le cessa bientôt pour ne plus professer que la théologie.
Ce qui le distingua particulièrement s'était le talent de la parole. Quand il prêchait, toute la ville venait à ses sermons. Naturalisé français, sa réputation était telle qu'il fut désigné par le duc d'Epernon pour le siège d'Aire (Landes), et il fut sacré à Paris le 16 février 1607. La reine Marie de Médicis le nomma ensuite, le 17 janvier 1621 évêque de Nantes et quatorze ans après, en récompense de ses services et de ses éminentes qualités, Louis XIII lui donna l'important évêché de Lisieux.
La vie de ce savant prélat se lia à celle de plusieurs personnages marquants de l'époque. Il a été le conseiller de la reine Margot. C'est lui qui prononça, dans Notre-Dame de Paris, l'oraison funèbre du roi Henri IV. Le cardinal de Richelieu l'appela à son lit de mort, parce qu'il n'avait pas oublié qu'il avait été son élève, et Bossuet, auquel il donna des conseils, lui dédia sa première thèse. Il intervint dans de grandes affaires politiques de la cour et ferma les yeux au roi Louis XIII. Il était également très aimé de la reine Anne d'Autriche qu'il appelait sa bonne fille.
Mais son crédit au Louvre où il disait la vérité, son esprit réformateur et l'austérité de ses moeurs portèrent ombrage à Mazarin qui fit publier, en 1643, une ordonnance générale enjoignant aux évêques de résider dans leur évêché. Rentré das son d iocèse, il s'éteignit le 8 mai 1646, à plus de 75 ans, au château des Loges, sa résidence épiscopale d'été.
Grand théologien, prédicateur habile, Philippe Cospeau a laissé différents ouvrages qui attestent sa supériorité sur beaucoup d'écrivains de son temps, et justifient des progrès qu'il fit faire, avec Malherbe, à la langue française.1
1 Camille Wins. Iconographie montoise. 1855.
Photo :
Gravure inspirée du portrait de Philippe Cospeau ayant fait partie de la galerie de l'évêché de Lisieux jusqu'à la Révolution de 1789.Iconographie Montoise 1860.
PLACE DES CHASSEURS A PIED
La place Jean d’Avesnes fut renommée place des Chasseurs à Pied en 1934, en l’honneur des 1er et 4ème Régiments de Chasseurs à Pied qui participèrent à la guerre 14-18. Les régiments de Chasseurs à Pied étaient des unités d'infanterie de la force terrestre des armées belges existant depuis l'indépendance du pays.
Le 1er régiment de chasseurs à pied fut formé lors de la révolution belge de 1830 à partir de volontaires et d'anciens conscrits belges de bataillons de chasseurs et grenadiers de l'armée néerlandaise. Entre 1831 et 1836, plusieurs corps francs y sont adjoints. De 1834 à 1850, il est en garnison à Mons qu'il quitte pour Charleroi en 1880 . Lors de la mobilisation d'août 1914, le régiment est scindé et donne naissance à 2 régiments supplémentaires, le 4e régiment de chasseurs à pied et le 1er régiment de chasseurs de forteresse. Il combat sur le front de l'Yser où il obtient plusieurs citations. Plus tard, il participe à la campagne de mai 1940. Lors de la capitulation de l'armée belge, le régiment est dissous.
Il fut remplacé à Mons par le 2e régiment de Chasseurs. Celui-ci avait été officiellement créé en 1831 sur arrêté du régent par le regroupement de plusieurs corps-francs de révolutionnaires belges. En 1843, il était caserné à Tournai. Il vint à Mons en 1890 où il occupa à son tour la caserne Guillaume, rue des Soeurs Noires. Durant la première guerre, il est dédoublé pour constituer le 5e régiment de Chasseurs à Pied. Il obtient 4 citations et est décoré de l'ordre de Léopold. Par la suite, il deviendra une unité d'occupation en Allemagne. Le régiment fut dissous le 1er Juillet 1994.
En mai 1934, donc, fut inauguré le monument commémorant les faits d’armes des Régiments de Chasseurs à pied. Il est dû au sculpteur E. Vereycken et à l’architecte G. Donnet. Il fut placé à l’entrée de la ville, au rond-point de pénétration de l’avenue de France (actuelle avenue du Général de Gaulle) qui, dès lors, prit le nom de place des Chasseurs.
Sur un socle massif de calcaire flanqué de deux soldats au repos mais vigilants, se dresse une victoire d'allégorie féminine équipée d'une épée et d'un bouclier sur lequel figure le lion belge et le texte « l'union fait la force - eendracht maakt macht ». Il porte encore les inscriptions suivantes : « Souvenez-vous 1914-1918 ; Gedenk 1940-1945 ; 1er et 4ème Chasseurs à Pied, 1er Chasseurs de Forteresse ; 1 ste en 4de Jagers te Voet, 1ste Vesting Jagers ; 7ème et 10ème Chasseurs à Pied ; 7de en 10de Jagers te Voet. »
Le monument fut déplacé en 1975, au bout de l’avenue Jean d’Avesnes, lors des travaux de mise à sens uniques des boulevards et du percement des tunnels.1
1«Le Mons d'hier. Evolution de six quartiers». Fonds d'Archives iconographiques de l'Association des Montois Cayaux.
Place d'Avesnes au début du XXxe siècle. Carte postale. Coll. de l'auteur.
Inauguration du monument aux Chasseurs à pied en 1934. Photo anonyme. FAPMC.
Le monument dans les années 1950, vu vers l'avenue de France. Photo anonyme. FAPMC.
Le monument dans les années 1950, vu vers l'avenue de Bertaimont. Photo anonyme. FAPMC.
Creusement de la trémie du tunnel de la place des Chasseurs, vers 1975. Photo Bruno Van Mol.
RUE BRISSELOT
Au cours du XIXe siècle, suite à la création des boulevards sur l'emplacement des anciennes fortifications, les terrains ainsi libérés destinés au lotissement furent quadrillés de rues transversales dans le but de mettre en communication les quartiers périphériques de la vielle cité et l'extra-muros. Cela entraîna la nécessité de trouver un toponyme à ces nouvelles rues. La Société des Arts, des Sciences et des Lettres du Hainaut fut mise à contribution pour dénicher dans le panthéon montois des célébrités qui ont fait le renom de la ville et contribuer ainsi à l'éducation de la population. C'est pourquoi nous découvrons maintenant un illustre personnage qui ne fut pas moins que le conseiller de Charles-Quint.
Jean Brisselot est né à Mons vers le milieu du XVe siècle. Il embrassa l’état ecclésiastique et entra dans l’ordre des Carmes. Il obtint son bonnet de docteur en Sorbonne (à l’Université de Paris) en 1502. C’était, parait-il, un homme de grand savoir et d’un mérite extraordinaire; aussi sa carrière fut-elle brillante : il fut successivement chanoine de Sainte-Waudru, à Mons et suffragant de Jacques de Croy, évêque de Cambrai (1507), abbé commendataire d’Hautmont (1508), prieur de Saint-Saulve près de Valenciennes, de Saint-Georges à Hesdin et de Saint-Georges d’Anzinnes, dans le diocèse de Liége.
Charles-Quint, encore adolescent, en fit son conseiller et son confesseur. De plus, le pape Léon X le nomma en 1517, archevêque d’Arbor et primat de Sardaigne. En 1518, il lui envoya le pallium, mais les fonctions que Brisselot remplissait auprès de Charles-Quint ne lui permirent pas de se rendre à son poste; il céda sa charge à, Jean Leclercq de Malines.
En 1519, ayant suivi le futur empereur en Espagne, où ce dernier s'était rendu en tant que nouveau roi, il obtint à grand peine la permission de revenir en Belgique, et se retira à l’abbaye d’Hautmont où il mourut subitement quelque temps après, le 11 septembre 1520.
Brisselot possédait la langue grecque et la langue hébraïque, chose fort extraordinaire pour l’époque. On ne connaît de lui que des travaux restés en manuscrits. Le célèbre philosophe, humaniste et théologien, Érasme, parlant de Brisselot, l’appelait en ces termes : unum e luminaribus ecclesiæ. (un parmi les plus éclairés de l'Eglise). 1
1J. Delecourt. Biographie Nationale de Belgique..
Photo :
Enfance de Charles Quint, une lecture d’Erasme” (Bruxelles 1511).
Peinture, 1863, de Edouard Hamman (1819–1888).
Huile sur toile, H. 0,720 ; L. 0,920.
Paris, Musée d’Orsay