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RAMPE DU CHÂTEAU

Autrefois appelée « Descente du Château » (XVIIIe siècle) cette rampe en forte pente conduit à l'entrée de l'ancien château comtal situé au point culminant de la ville, à 43 mètres au dessus de la partie la plus basse de la ville et à 12 mètres au dessus de la rue la plus élevée.

Plutôt qu'à Valenciennes, c'est à Mons, mieux située au centre du comté et sur laquelle il exerçait une seigneurie plus complète par le fait qu'il avait été admis à la dignité abbatiale du chapitre de Sainte-Waudru, que le comte Baudouin III vint de plus en plus souvent installer sa cour. Certes au début du XIIe siècle, elle n'est pas encore sédentaire, le comte continuant de beaucoup voyager d'un bout à l'autre de sa principauté, mais lorsque, un siècle plus tard, vers l'an 1200, Baudouin VI installa la cour de justice comtale, au sommet de la colline de Mons, ce fut déterminant pour reconnaître Mons comme la capitale et le centre politique du comté.

Á cet endroit, plus précisément à l'extrémité nord-ouest de l'éminence montoise, se trouvait déjà, depuis le XIIe siècle, un donjon, à vrai dire, d'assez faibles dimensions (il était plus petit que la tour Burbant à ath, par exemple) et ce, en raison de l'étroitesse de l''endroit où il a été bâti. Mais cette position, par rapport à l'ensemble fortifié, se situait à l'emplacement le mieux protégé naturellement en utilisant au maximum les avantages de la hauteur du site. Ce qui fit du donjon une citadelle par excellence, c'est-à-dire un refuge et un repli ultime, bien que participant peu à la défense de l'ensemble de la place. Conception défensive relativement ancienne remontant bien au début du XIIe siècle, comme en témoignent les céramiques retrouvées dans la fouille archéologique qui à été conduite à cet endroit (1).

Ce donjon aurait été construit par le châtelain sur les hauteurs de Mons lorsque la châtellenie héréditaire fut attribuée au seigneur d'Havré. En dehors de quelques vestiges de ses fondations il a complètement disparu de nos jours, malgré sa masse. Á vrai dire, sa disparition fut lente et eut lieu par phases successives. Á partir du XIVe siècle, on remploya ses pierres après l'incendie qui ravagea, en 1365, ses parties hautes, encore en bois, semble-t-il. En 1450, des moellons y sont puisés pour édifier la nouvelle collégiale Sainte-Waudru. En 1497, ses pierres servent au soubassement de la tour à l'horloge. En 1562, ses ruines étant devenues dangereuses, le donjon est rabaissé, et la construction de l'église Sainte-Elisabeth bénéficia du remploi de ses grès, notamment au choeur, en 1617. Caduc au XIVe siècle, en démolition dès le XVe siècle, le donjon, élément significatif du « Catiau » appelé longtemps « tour Auberon, est tout à fait inopérant au XVIe siècle et disparut au XVIIe siècle, après un demi-millénaire d'existence (2).

Il y avait aussi sur ce plateau la maison de l'ancien prévôt (représentant du souverain qui exerçait en son nom des fonctions administratives, judiciaires et surtout policière) dont l'ancien cellier, de dimension imposante : 24 mètres sur 8 mètres, a vraisemblablement constitué la fondation de la grande salle d'audience dont parle les textes. A celle-ci fut accolée, sans doute à la même époque, un autre bâtiment de forme carrée, d'une dimension de 15 mètres sur 15 mètres, dont le premier niveau en léger contre-haut par rapport au vieux cellier, était constitué des communs et était surmonté d'une salle dite du Secret. Diverses autres dépendances furent aussi installées dans le prolongement de ces deux bâtiments, comprenant une prison, avec logement pour le geôlier, de forme pentagonale, et une chapelle, « accessoire » inévitable d'un palais de justice, à l'époque. Celle-ci fut dédicacée à Saint-Calixte (sixième pape) parce qu'on honorait déjà celui-ci dans l'ancien cellier souterrain où avaient été dissimulées et préservées grâce à l'intercession de ce pape, croyait-on, les reliques de Sainte-Waudru lors de la menace d'invasion par les Vikings au IXe et Xe siècles.

Pour assurer la sécurité des lieux, l'ensemble du périmètre fut entouré de puissants murs - qui enserrent toujours le site de nos jours - mais qui n'auraient jamais eu un but défensif, les fouilles archéologiques de 1984 à 1995 ayant démontré qu'aucun ouvrage n'étaient pourvu des dispositifs habituels des constructions des châteaux-forts de l'époque. Ajoutons que ces fouilles ont également démontré que l'entrée actuelle du château ne fut créée qu'au XIVe siècle à travers les anciennes geôles, l'entrée originaire se faisant via une cour, séparant le « palais de justice » de la muraille au sud.

A l'inverse, celles effectuées lors des campagnes de 1984, 1985 et 1997 , ont prouvé que le donjon, construit vers cette époque (au plus tard en 1171) par le Châtelain de Mons, Henry, seigneur d'Havré, était entouré d'une fortification soignée. L'enclos du donjon était séparé de la partie du château consacrée à la justice par un profond fossé. On peut même penser que la seule issue de cet enclos du donjon vers la courtine de défense avancée (qui se trouvait au niveau de l'actuelle rue des Gades) se faisait par la poterne traversant la tour César et la venelle pentue qui y débouche toujours.

Malheureusement ce donjon a disparu, on l'a dit, toutes les pierres ayant été récupérées aux XVIe et XVIIe siècles, mais les archéologues ont retrouvé sa trace en creux dans le sol ce qui permet de le décrire : il s'agissait d'une construction fort modeste de 11 mètres de côtés qui, vu ces dimensions, ne pouvait servir que de refuge aux membres de la Cour de Justice voisine en cas de conflit intérieur à la ville, ou encore de poste de guet au point culminant de la ville 3. Il ne faut pas confondre celui-ci avec la « tour à l'horloge » intégrée dans la muraille comtale, connue dès 1380, qui s'est écroulée de vétusté en 1661, pendant la nuit, sans faire de blessé. De cette tour, il ne reste rien. Ses cloches, entraînées dans la chute, furent également détruites, y compris celle dite "de justice" qui annonçait les exécutions. C'est elle que l'actuel beffroi est venu remplacer. Voir infra.

Mons étant devenue la résidence des comtes de Hainaut du IXe au XVe siècle, c'était au château que ceux-ci traitaient les intérêts publics et rendaient la justice dans les affaires importantes et privilégiées, soit en matière civile soit en matière criminelle, avec le concours de ses conseillers, les pairs, les prélats, les barons, les chevaliers et autres nobles féodaux. Indépendamment de ce tribunal supérieur qu'on appelait la Cour, le Conseil ordinaire exerçait aussi, dans la même enceinte mais dans des salles séparées, une juridiction très étendue, sous la présidence du grand bailli. Ses attributions principales étant de conserver les droits et l'autorité du souverain; et de statuer en degré d'appel.

Un plan du Château de 1640 indique qu'à cette époque, s' y tenaient toujours les plaidoiries des deux conseils, ainsi que celui de la Prévôté de Mons, (le prévôt était un magistrat judiciaire qui avait des attributions analogues à celles de nos juges d'instruction. Il ordonnait la détention des prévenus dans la maison d'arrêt qui était, dès lors, appelée Prison prévôtale). Par la suite Le Conseil Souverain y tint des séances, tandis que les archives du comté y furent logées. Le châtelain de Mons, lui, y conserva jusqu'à la fin du XVIIIe siècle son droit de résidence. Mais, au milieu du XVIIe siècle, l'état de délabrement des bâtiments était tel que les précieuses archives du comté furent transférées à l'hôtel de Naast, propriété du comte, alors que la Cour et le Conseil ordinaire continuèrent de siéger dans les salles du château. Cependant, la destruction de l'hôtel de Naast lors du siège de Mons par Louis XIV en 1691, et l'état de plus plus menaçant des bâtiments du vieux château obligèrent ces institutions de trouver un autre endroit pour siéger. En 1718, quittant définitivement le sommet de la butte montoise, elles s'installèrent dans l'ancien refuge de l'abbaye de Cambron, rue de Nimy, face à l'église Sainte-Elisabeth4 et les vieux bâtiments du château furent pour ainsi dire désaffectés. (5)

Á partir de la Révolution, le château de Mons n'ayant plus aucune raison d'être bien que la prison subsista jusqu en 1824, fut vendu comme bien national après que les prisonniers aient été transférés dans l'ancien couvent des Visitandines, place du Parc, et il échut à un sieur Battelet qui y installa une maison d'aliénés à laquelle on adjoignit l'hospice Saint-Julien. En 1866, ceux-ci, hommes et femmes furent transférés dans un nouvel asile et les bâtiments furent laissés à l'abandon.

Quelques années après, l'installation de la distribution d'eau à Mons nécessita la construction de grands réservoirs d'eau sur la partie la plus élevée de la ville, et les terrains occupés par l'ancien château furent choisis. On démolit tous les bâtiments qui subsistaient à l'intérieur de l'enceinte, à l'exception de la conciergerie et la chapelle, et l'on créa ensuite, sur les 60 ares de l'ancienne enceinte castrale, un parc publique dont l'agencement fut confié à l'architecte paysagiste Louis Fuchs (6) et qui fut inauguré le 10 juin 1873. Donc, de nos jours, ne subsiste plus que le mur d'enceinte du XIe siècle, muraille découronnée mais sans aucune solution de discontinuité, avec toutes ses tours ; le bâtiment de la porte d'entrée ou ancienne conciergerie, du XIIe – XVIe siècle avec sa grande poterne en arc brisé avec, accolé à celle-ci, ce qui reste de l'ancienne chapelle castrale du XI-XIIe siècle ; les souterrains du XIIe siècle, très vastes, voûtés en berceau surbaissé et d'une conservation parfaite ; enfin, un puits très profond. Et un très beau panorama sur la ville et ses environs.

Vestiges les plus anciens du château, la chapelle Saint-Calixte et la conciergerie méritent que l'on s’y attarde un peu. En 1051, la comtesse Richilde fait édifier une chapelle pour abriter des reliques du pape saint-Calixte (mort martyr au début du IIIe siècle). La partie la plus ancienne est la crypte du XIe siècle. La voûte en plein cintre y est constituée de minces plaques de grès mises côte à côte. Cet appareillage prouve l'ancienneté de la construction. A l'intérieur se trouvent des copies des gisants des rois de France Philippe VI de Valois (1293-1350) et Charles le Sage (1338-1380) dont les originaux de la fin du XIVe siècle, oeuvres du sculpteur André Beauneveu de Valenciennes, sont conservés au Louvre et à l'abbaye de Saint-Denis (Paris).

La chapelle proprement dite, aux épais murs en grès de Bray, se compose de deux pièces. La première, le choeur, est voûtée, l'autre est couverte en plafond. La voûte en pierre blanche à croisée d'ogives était autrefois décorée de fresques. Deux fragments originaux de celles-ci sont exposés en vitrines : une tête du Christ et une tête de dragon. Les fresques actuelles sont récentes. Elles datent de 1951. Dubrunfault les a refaites grâce aux dessins (1873) de L. Dosvelt (7). Ce dernier avait, en effet, retrouvé des fresques romano-byzantines du XI-XIIe siècle sur l'un des murs du choeur (autour d'une fenêtre en plein cintre murée) et sur l'arc doubleau qui divise en deux la chapelle. Le personnage nimbé, peint sur la fresque sous laquelle se trouvait l'autel, est peut-être saint-Calixte. Les deux fenêtre du choeur, aux sièges en vis-à-vis, prouvent de façon évidente que la chapelle originelle a été remaniée plusieurs fois et notamment au XIVe siècle (placement de l'actuelle voûte, fermeture d'une petite fenêtre en plein cintre). Dans la seconde partie de la chapelle, située juste au-dessus du porche d'entrée et confondue de l'extérieur avec la conciergerie, quelques vitrines renferment une partie des découvertes faite sur le site (8).

Après l'écroulement de la tour à l'horloge, l'idée de reconstruire un tel monument s'imposait. C'est la Ville de Mons qui a toujours été le maître de l'ouvrage. Le chantier débuta dès 1661 sous la direction de l'architecte, entrepreneur et sculpteur Louis Ledoux, lequel réalisa les fondations. Á sa mort (1667), Vincent Anthony dirigea les travaux, qui s'achevèrent le 5 juin 1671, soit dix ans après la pose de la première pierre.

Le Beffroi de Mons illustre le style baroque sobre, avec un décor classique. Les murs sont en grès de Bray tandis que les ornements, y compris les colonnes et les pilastres portants, sont en pierre bleue. L'intérieur est en briques et en charpente de bois. C'est un escalier en vis étroit qui mène aux cloches. L'une des particularités architecturales est cette charpente bulbeuse d'inspiration orientale, système de couverture fréquent dans les Pays-Bas méridionaux aux XVIe et XVIIe siècles. Haut de 87 mètres, l'édifice ne compte pas moins de 365 marches, un chiffre symbolique. Le haut de la tour renferme 49 cloches, pour un total de 25 tonnes.

 

A l'origine, la fonction du Beffroi était avant tout utilitaire. En effet veilleurs et sonneurs s'y sont relayés durant de nombreuses années. Dès la fin des travaux de construction, un service de surveillance de la ville vit le jour. Quelques courageux annonçaient l'heure du haut de la tour, par tous les temps. A 23 heures, le couvre-feu était annoncé et la ville plongeait dans un sommeil profond.

Ce beffroi est un des plus récents parmi les beffrois de Belgique et de France. Classé depuis le 15 janvier 1936, il relève du Patrimoine majeur de Wallonie et fait partie des beffrois de Belgique et de France classés au patrimoine mondial de l'Unesco depuis le1er décembre 1992.

 

La littérature et les voyageurs ne sont jamais resté indifférents à l'édifice, et ce dès sa construction. La plus célèbre description est sans doute celle de Victor Hugo qui, de passage dans la cité montoise, laissa à son épouse Adèle ces quelques lignes:

"Je t'ai promis de te reparler de Mons. C'est en effet une ville fort curieuse. Pas un clocher gothique à Mons, car l'église chapitrale de Sainte-Waudru n'a qu'un petit clocheton d'ardoise insignifiant; en revanche la silhouette de la ville est chargée de trois beffrois dans ce goût tourmenté et bizarre qui résulte ici du choc du nord et du midi, de la Flandre et de l'Espagne. La plus haute de ces trois tours, bâtie sur l'emplacement de l'ancien château, et, je pense, vers la fin du XVIIe siècle, a un toit craiment étrange. Figure-toi une énorme cafetière flanquée au-dessous du ventre de quatre théières moins grosses. Ce serait laid si ce n'était grand. La grandeur sauve."
(Victor Hugo, Bruxelles, 18 août 1837)9

 

CHATEAU

Photos :

Plan de situation du château de Mons vers l'an 1200. Dessin de Gérard Noirfalise tiré de « Ils ont construit Mons » ; François Collette. Ed. R.Velpius, IPM, La Province. 2005.

Vue d'artiste représentant le château de Mons vers l'an 1200. Dessin de Gérard Noirfalise tiré de « Ils ont construit Mons » . François Collette. Ed. R.Velpius, IPM, La Province. 2005.

Vue d'artiste représentant le château de Mons vers l'an 1200. Dessin de Albert Dehaene tiré de « A travers le Mons d'autrefois » A. Dehaene ; La Province. 1936.

Entrée du château.Carte postale oblitérée en 1914. Ed. G. Valbonnet. Coll. de l'auteur.

La conciergerie du château. Carte postale non datée.Ed. C. Flament. Coll. de l'auteur.

Grande poterne du château avec sa voûte romane et son entrée remaniée en arcs brisés (XIIe-XVIe siècles). Photo de l'auteur.

La chapelle Saint-Calixte ( XIe-XIIe siècles). Carte postale.

Les ruines de l'ancien château comtal. Lithographie de Gaspard Lheureux. 1826. Umons.

Les fresques reconstituées de laa chapelle Saint-Calixte. Photo de l'auteur. 2012.

La tour à l'horloge. Extrait du plan de François Hogenberg dans Civitates orbis terrarum. 1581 – 1621. Bibliothèque de l'UMons.

Vue aérienne du square du château. Photo de l'auteur.2016.

Bronze représentant le square du Château.

MAISTRIAU

AVENUE VICTOR MAISTRIAU

Créée sous le nom d'avenue de Nimy lors du démantèlement des fortifications en 1861-1864, elle prit le nom d'avenue de l'Armée après 1918. En 1949 on donna à cette artère le nom du ministre d'état Victor Maistriau qui fut bourgmestre de Mons de 1926 à 1953. Depuis 1980, la partie de l'avenue à l'intérieur du boulevard fut séparée et on lui donna le nom d'avenue Pierre Joseph Duménil (voir ce nom)

Victor Eugène Ange Jules Maistriau, né à Maurage le 5 octobre 1870 et mort à Mons le 21 janvier 1961, était un homme politique libéral belge

Fils d'un bourgmestre de Maurage, Victor Maistriau, fut diplômé docteur en droit de l' université de Gand. Il s’inscrivit ensuite au Barreau de Mons en 1897 et exerça d'abord comme avocat avant de se lancer dans une longue carrière politique. Durant la première guerre mondiale, il fut plusieurs fois emprisonné par les autorités allemandes. Il a notamment défendu des compatriotes accusés d'espionnage par les occupants lors du Grad Procès de Mons, procès militaire allemand qui s'est déroulé du 29 février au 1er mars 1916 et durant lequel 39 personnes furent poursuivies pour leur participation au réseau de renseignement ferroviaire Carlot-Louis. Neuf personnes furent condamnées à mort et 23 autres condamnées à des peines de travaux forcés ou d'emprisonnement. Un agent du réseau de renseignement retourné par les Allemands, est à l'origine de son démantèlement par les troupes d'occupation.

Au niveau local, il fut élu conseiller communal de Mons en 1904, il fut échevin de l'instruction publique en 1912 et devint bourgmestre de la ville en 1926. Il le resta jusqu'en 1953, hormis pendant la seconde guerre mondiale où, obligé de se cacher, le mayorat fut assuré par Ernest Stack, bourgmestre faisant fonction, puis par un rexiste imposé par les autorités nazies.

Au niveau national, Victor Maistriau a été élu député en 1933, puis fut ministre de l'Instruction publique en 1934 et ministre de la justice en 1937 dans le gouvernement Van Zeeland en remplacement de François Bovesse. Bien que partisan déterminé de l'unité belge ? Victor Maistriau siégea à l'Assemblée Wallonne à partir de 1927 et sera membre du comité de patronage des Congrès Culturels wallons de Charleroi (1938) et de Liège (1957).

En bordure de cette avenue se situait la « Plaine de Nimy » ou encore la «  Plaine de Manoeuvres », espace réservé par l'État lors de la démolition des fortifications pour permettre à la garnison de venir s'exercer. On pouvait donc y voir évoluer les cavaliers du 2e régiment à Cheval, casernés non loin de là, ainsi que les « piotes » du 2e régiment de Chasseurs à pied qui venaient et s'en retournaient en bon ordre à leur caserne de la rue des Juifs, traversant la ville par la rue de Nimy, la Grand-place, la rue de la coupe, et enfin la rue de la Grande Triperie.

En 1964 on construisit sur cette plaine devenue caduque, le lycée Marguerite Bervoets, ensemble de bâtiments de style fonctionnaliste autour de deux cours, conçu par l'architecte Léon Bertiaux, au début des années 1950. Cette école connu de nombreuses appellations : d'abord « École du Denier » créée sur une initiative privée en 1875 à la rue de la Petite Triperie, n°10, puis rue des 4 fils Aymon. Par la suite cette école prit le nom d'« Institut des Demoiselles ». En 1879 l’établissement est repris par la ville de Mons, et devient communal. Il prend alors le nom d' « Ecole Moyenne Communale des Filles » et s’installe dans l’hôtel de la famille Corbisier (racheté par la ville en 1878) qui était situé rue des Gades, à côté de la bibliothèque publique. En 1881, l’école passe sous la tutelle de l’État et devient l’ « École Moyenne de L’État pour jeunes filles ».

En 1918, ce fut la création du Lycée Communal pour jeunes Filles qui s'installa dans l’hôtel de Graty, bâtiment voisin de l'ancien hôtel Corbisier mais situé rue d’Enghien. Les deux écoles étaient voisines et avaient chacune leur directrice ou directeur. En 1929, elles fusionnèrent pour donner naissance à l' « Ecole Moyenne et Section d’Athénée de l’État pour jeunes filles » sous la direction de1928 à 1947 de Mme Bervoets, maman de Marguerite Bervoets, résistante exécutée par les Allemands en 1944. En 1946, l'école reçut l'autorisation de s'appeler « École Marguerite Bervoets ». En 1947, l’établissement devient « Athénée Royal » pour une courte période puis « Lycée Royal » avant de prendre son nom actuel d' « Athénée Royal Marguerite Bervoets ».

Par ailleurs, c'est en 1967 qu'on vit l'installation, sur cette plaine de Nimy, de la Faculté des Sciences (dans des bâtiments provisoires). La Faculté des Sciences est née de la mise sur pied du Centre Universitaire de l'État à Mons, dans le cadre de la loi sur l'expansion universitaire du 9 avril 1965. Les premiers cours furent organisés à la rentrée 1965 dans le cadre du démarrage du premier cycle en sciences chimiques et en sciences physiques. La faculté ne disposant pas encore de ses propres bâtiments, les cours étaient à l'origine organisés dans les locaux de la Faculté Polytechnique de Mons, notamment dans le bâtiment historique de la rue de Houdain avant de rejoindre la plaine de Nimy.

La Faculté de traduction et d'interprétation - École d'interprètes internationaux. Mons, Belgique (FTI-EII ) y a également ses locaux. Créée en marge de l'Université de Mons-Hainaut, l'École d'interprètes internationaux y a été, dès ses origines, étroitement liée. En 1996, l'EII a intégré la Haute école de la Communauté française en Hainaut, mais le lien avec l'UMH est resté explicitement préservé. En 2008, l'EII a intégré l'UMH comme faculté à part entière et est devenue la FTI - EII un an avant la création de l'UMons.

Enfin, en octobre 1973, le campus de la plaine de Nimy accueillait les premiers étudiants de la Faculté de Médecine et de Pharmacie de l'Université de Mons.

Photos :

Victor Maistriau, ministre d'État, bourgmestre de Mons. Photo wikipedia.

L'avenue de Nimy au début des années 1900. Carte postale. Coll. de l'auteur.

La plaine de Nimy longée par le tram vicinal vers 1900. Carte postale. Coll. de l'auteur.

Les cavaliers du 2e régiment de Chasseurs à cheval à l'exercice sur la plaine de manoeuvres vers 1900. Carte postale. Coll. de l'auteur.

Les fantassins du 2e régiment de Chasseurs à pied de retour de l'exercice sur la plaine de manoeuvres vers 1900. Carte postale. Coll. de l'auteur.

L'avenue Maistriau dans les années 1950.Photo anonyme, Coll. P. Pierard.

La plaine de Nimy, côté de l'avenu du Champs de Mars. Photo anonyme. Coll. de l'auteur.

ROGIER

RUE ROGIER

 

Charles Rogier, né à Saint-Quentin le17 août 1800 et mort à Saint-Josse-ten-Noode le 27 mai 1885, fut un homme d'état de tendance libérale : révolutionnaire belge puis membre du Congrès National (gouvernement provisoire notamment chargé en 1830 d'élaborer la Constitution belge) et Franc-Maçon. Mais si l'on a donné son nom à cette rue, c'est en reconnaissance du travail acharné qu'il accomplit pour convaincre ses contemporains de l'utilité des « chemins de fer » (ces mots devaient finir par remplacer officiellement ceux de « route en fer, chemin à ornières, chemin en fer » qui avaient été employés au début)

 

Charles Rogier, en tant que ministre de l'Intérieur du premier exécutif belge, souhaitait soutenir l’industrialisation du pays en mettant en place un réseau de chemin de fer pour relier les différents bassins industriels entre eux et atteindre les pays limitrophes. En effet, en Belgique, pays très peuplé, on devait produire beaucoup pour l’exportation afin de pouvoir se procurer à l'étranger les suppléments alimentaires que l’agriculture ne fournissait pas. Et pour être compétitifs il fallait que les prix soient les meilleur marché possible. A cette époque de grand capitalisme, tout était orienté dans ce sens. Les chemins de fer devaient contribuer à faciliter le déplacement des ouvriers vers les zones industrielles et, surtout, assurer le transport des marchandises.

 

C'est dès 1830, qu'il avait lancé l’idée de cette entreprise qui devait doter le pays d’immenses bienfaits. « Il ne suffit pas, disait-il, à la révolution belge d’avoir donné au pays la Constitution la plus libérale ; elle doit compléter son œuvre par un fait matériel de la plus haute portée. Cette entreprise sera aux intérêts matériels du pays ce qu’est notre Constitution à ses intérêts moraux ». Le 19 juin 1833, Rogier donnait lecture à la Chambre de l’exposé des motifs d’un projet de loi autorisant un emprunt de 18 millions affecté à l’établissement de la première partie de la « route de fer » de la mer à l'Escaut, à la Meuse et au Rhin. En même temps étaient déposés les tableaux, plans et calculs à l’appui du projet. Les sections de la Chambre discutèrent longtemps, jusqu’au10 mars 1834, mais votèrent le projet. C'est ainsi qu'à partir de 1835, les chemins de fer furent créés. Mais le projet initial fut élargi : le rail passerait par Malines, Louvain, Tirlemont, Liège, avec deux embranchements : de Malines sur Bruxelles et la France par Namur, Mons, Charleroi et de Malines sur l'Angleterre par Termonde, Gand, Bruges et Ostende.

 

Sans doute, désireux de faire plaisir à son épouse, le roi Léopold Ier décida qu’une des premières lignes de chemin de fer qui serait construite en Belgique se ferait en direction de la France, pays où régnait son beau-père, le roi Louis Philippe d’Orléans. Et Mons, qui se trouve sur le chemin, a ainsi été une des premières villes du pays a bénéficier d’une liaison ferroviaire. L’inauguration du premier tronçon, qui allait jusqu’à Tubize, eut lieu le 16 mai 1840. La deuxième étape, qui était d’atteindre Jurbise, fut accomplie 17 mois plus tard. Enfin, le rail arriva à Mons en décembre 1841. Après percement des fortifications pour donner passage aux voies, une gare, alors dénommée station ou embarcadère, fut installée à l'endroit qui fut jugé le plus propice : sur le terre-plein situé à l'arrière de l'arsenal du bastion n° 14 (voir place Léopold et place Louise)

Encore fallait-il pouvoir accéder depuis la ville à l’arsenal et à la nouvelle station. Enserré dans les fortifications, s’accrochant aux flancs d’une colline, l’habitat urbain montois s’était développé en cercles concentriques autour de son centre historique situé au sommet. En dehors des grands axes menant aux portes de la ville, il y avait peu de liaison vers la périphérie. Aussi pour pouvoir accéder depuis la ville à la nouvelle station, fallut-il aménager un accès vers la nouvelle gare en prolongeant l’artère la plus proche : la rue de la Petite Guirlande. En effet, avant l'arrivée du chemin de fer, celle-ci n'allait pas plus loin que les rues du Séminaire et du Rivage (actuelles rues de l 'Athénée et Masquelier). Pour cela, il fallut abattre une partie des bâtiments de l’ancien séminaire - occupés alors par le collège de Mons, qui deviendra plus tard l’Athénée Royal - et créer une nouvelle voirie au travers des jardins qui s'étendaient jusqu'à l'arsenal militaire, derrière lequel il avait été décidé d'implanter la nouvelle gare.

On créa d'abord une place qui fut bien évidemment baptisée « place de l’Embarcadère » (c'est l'actuelle place Louise) à laquelle on avait prévu de donner une forme semi-circulaire tournée vers le voyageur qui arrivait mais qui ne fut jamais réalisée dans son entièreté en raison du développement ultérieur prévu des bâtiments de l'Athénée sur l'un de ses côtés. Au delà de cette place on poursuivit la voirie (qui prit le nom de rue de la Station) jusqu'à l’arsenal qui constituait, donc, l’entrée de la gare. Dans la foulée, on raccorda à la place de l'Embarcadère une nouvelle voirie allant jusqu’à la rue du Rivage (actuellement Masquelier) et qui, vu qu'elle passait sur le site d'une ancienne caserne dite « Chisaire » prit ce nom. Á celle-ci on raccorda l’ancien cul-de-sac appelé le Trou de Boussu (voir ce nom). Restait à en trouver un pour le tronçon de rue allant de la rue du Séminaire à la place de l'Embarcadère. Le nom du ministre de l'intérieur qui fut l'artisan du développement du chemin de fer en Belgique était tout trouvé. La rue s'appellera donc rue Rogier.

Le nouvel îlot circonscrit par les rues, Rogier, Masquelier, Chisaire et la place de l'Embarcadère, constitua en fait la première étape de la construction ex-nihilo d’un nouveau quartier à Mons (voir place et rue Léopold). En effet, de nouveaux immeubles à vocation commerciale firent, en même temps, leur apparition en bordure de cette nouvelle place et du côté gauche de la rue (le côté droit étant occupé par les bâtiments de l'ancien Séminaire), ce qui explique l’aspect parfaitement homogène, encore aujourd'hui, de ces constructions. Remarquons enfin que, lors de la construction des nouveaux bâtiments de l'Athénée Royal vers 1888, on recula ceux-ci d'une distance de quinze mètres - alors que les anciens bâtiments venaient jusqu'à celle-ci - pour permettre l'installation de commerces à front de la rue Rogier, ce qui explique la différence de style des immeubles entre les deux côtés de cette rue.

Photos :

Rogier à la tête des volontaires de Liège. Peinture de Charles Soubre.1878.

Aménagement de l'accès vers la station de chemin de fer. Extrait du plan de la Brigade Topographique Belge. 1858.

L'Embarcadère et l'arrière de l'arsenal. Aquarelle de Henri Gérard. 1843. Coll. privée.

Le chemin de fer. Dessin de A. Canelle. 1853. BUMons.

Façade côté ville de l'arsenal. Aquarelle de Léon Dolez. BUMons

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La place Louise vers 1900. Carte postale. Ed. Nels. Coll. de l'auteur.

La rue Rogier vers 1900. Carte postale. Ed. VPF. Coll. de l'auteur.

La rue Chisaire vers 1900.Carte postale. Ed. Nels. Coll. de l'auteur

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