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RUE ET PLACE DU CHAPITRE

Pourtant situées au centre médiéval de la cité, cette voirie ne fut ouverte qu'à la fin du XIX siècle. Pour quelle raison ?

Notre bonne cité de Mons s'est construite depuis le Moyen-Age selon un développement concentrique progressif autour de son cœur historique situé au sommet d’une colline. De ce fait, elle présente principalement des rues circulaires rejoignant les quatre grands axes rayonnant des rues de la Chaussée, de Nimy, d’Havré et du Parc. Ce qui fait qu'en dehors de ceux-ci, il y avait peu de voiries permettant des déplacements directs depuis la périphérie vers le centre et inversement.

Ce qui s'avéra un sérieux problème en raison de l'important développement que connut le chemin de fer depuis son arrivée à Mons en 1841. De ce fait, le besoin de relier le centre historique de la cité avec cette nouvelle porte d’entrée devint rapidement nécessaire, notamment lors de la construction d'une nouvelle gare en 1875, plus spacieuse car plus fréquentée. En fait, celle-ci s'est vue entourée progressivement d 'un nouveau quartier commerçant très dynamique, et était devenue l'accès le plus important de la ville.

Le seul moyen pour rejoindre le centre-ville était de percer de nouvelles voiries et consentir à de nombreuses démolitions pour atteindre cet objectif. Le bourgmestre François Dolez et le conseil communal de l’époque s’y engagèrent résolument. La première partie du projet (1882-1883) fut d’établir une liaison depuis la rue des Ursulines (actuelle rue Claude De Bettignies) vers la place de la gare, et, par la même occasion, vers les nouveaux boulevards qui y aboutissaient. Les travaux débutèrent par l’expropriation d’une vaste habitation à la place de laquelle on perça une nouvelle voirie à qui on donna l'appellation de rue de la Houssière, du nom de l’hospice qui en faisait désormais le coin.

Une fois cette liaison établie, et vu qu’il était tout-à-fait impensable de passer au travers de l'énorme bâtiment, de surcroît d’intérêt public, qu’était l’hospice des Incurables situé entre le couvent des Ursulines et le grand portail de Sainte-Waudru, il s’avéra nécessaire d’élargir le seul passage existant vers le haut de la ville, c’est-à-dire la rue des Repenties, petite rue paisible mais fort étroite qui longeait la masse imposante de l’hospice. Pour ce faire, on procéda, en deux fois, à la démolition de toute la rangée de maisons (qui appartenaient à la Commission des Hospices Civils) situées entre l’hospice et la rue (1883 et 1896).

Pour la poursuite des travaux, s'est présenté un obstacle de taille : la dénivellation de plusieurs mètres qui bordait l’ancien encloître du Chapitre au niveau de la rue de la Grosse Pomme. Celui-ci était, comme son nom l’indique, un véritable enclos de forme rectangulaire bordé de maisons bourgeoises, jadis occupées par les chanoinesses. A son extrémité ouest, celle qui nous intéresse, il était fermé par deux portails monumentaux donnant accès aux habitations situées derrière. Ces maisons étaient entourées de jardins et de vergers qui surplombaient la rue de la Grosse Pomme, empêchant toute communication vers celle-ci.

Vu l’importance de l’entreprise et le manque de moyens, il fallut-il attendre 1895 pour voir le conseil communal mettre en adjudication les travaux nécessaires. Ceux-ci commencèrent le 8 juin 1896. On commença par raser les habitations situées derrière les deux portails, puis on procéda au précautionneux démontage de ces derniers pour en récupérer les pierres. Celui de droite fut remonté, aux frais du Cercle Archéologique de Mons, dans le jardin de la Bibliothèque alors communale, rue des Gades, où il est toujours visible.

Ceci fait, on attaqua la différence de niveau en commençant par la démolition des murs qui soutenaient les terres. Après avoir enlevé celles-ci, il fallut procéder à coups de mines pour faire sauter les solides fondations des maisons qui se situaient là auparavant, et dont les caves, parfois, s’enfonçaient sur plusieurs niveaux dans le sol. Les travaux ayant pris du retard en raison de cette résistance inattendue, ne se terminèrent qu’en 1898, date à laquelle la nouvelle rue du Chapitre put enfin être ouverte à la circulation.

Quant à la place du Chapitre, son niveau côté ouest dut être abaissé pour former une pente carrossable continue avec la nouvelle voirie, ce qui entraîna l’obligation de rajouter deux marches à l’escalier du portail sud de la collégiale. La fontaine qui occupait jadis le milieu de l’encloître, face au portail, se trouvant au milieu du passage, dut être déplacée vers le haut de la place, plus spacieux (elle fut à nouveau déplacée en 1930 pour permettre le passage des voies du tram).

On pouvait désormais circuler depuis le centre historique vers le nouveau quartier de la gare, à pied, en voiture … et, à partir de 1934, en tram.

CHAPITRE

Photos :

Expropriations entre le site de la gare (station) et la place du Chapitre. Extrait du plan Goffaux de 1828. UMons.

La rue de la Houssière et l'ancien hospice de la Grande Aumône. (Photo années 1940). FAPMC.

Le haut de la rue de la Houssière et l'ancien hospice de la Grande Aumône. Photo années 1940). FAPMC.

Démolitions des habitations de la rue des Repenties. Photo A. Stalport. 1896 FAPMC. Coll S. Ghiste.

Le square des Repenties. Carte postale du début du XXe siècle. Coll. de l'auteur.

L'encloître du Chapître avant sa disparition.Photo A. Stalport. Coll. Serge Ghiste.

Mur de soutènement rue de la Grosse Pomme. Photo A. Stalport. Coll. Serge Ghiste.

Démontage d'un ancien portail de l'encloître. Coll. privée.

Démolitions d'anciennes fondations. Photo E. Quéquin . Coll. Serge Ghiste.

La nouvelle rue du Chapitre. Carte postale du début du XXe siècle. Coll. de l'auteur.

MIROIR

RUE DU MIROIR

Un compte de dépenses faites à l'occasion de la joyeuse entrée de Charles le Téméraire le 21 mars 1467 nous apprend qu'il y avait à l'angle du Grand Marché et de la rue de Nimiy une maison dénommée « Maison du Miroir », maison que remplaça plus tard les hôtels du Petit et du Grand Miroir.

Le 14 avril 1516, la Ville fit l'acquisition des deux dans l'intention de percer une rue directe allant du Grand Marché au Marché à la volaille qui se tenait sur une placette au bas de la rue des Fossés. Toutefois la rue ne fut définitivement percée qu'au milieu du XVIe siècle ainsi que cela résulte de la mention suivante, inscrite dans un registre du Conseil de Ville du 12 octobre 1542 : «  Au dit Conseil fut lis en avant et conclud de mettre la place du Miroir par portion, pour y faire maisons manables et les bailler à rente en laissant rue. »

Grâce aux souvenirs d'un Montois né à Mons en 1851, professeur à l'Académie des Beaux Arts : Clément Stiévenart (décédé en 1924), nous avons la chance de bénéficier d'une description de l'atmosphère qui régnait dans cette rue vers la fin du XIXe siècle :

« Dans ma jeunesse, la rue du Miroir où j'habitais était assez spéciale. Tous ses habitants tenaient, pour ainsi dire, commerce sur la rue, scrutant les passants, les rhabillant de main de maître, d'une porte à l'autre, si bien que les gens évitaient de passer par là s'ils n'avaient quelque emplette à y faire, seule raison qui tempérait, pour le moment du moins, les commérages qui les poursuivaient.

En descendant la rue, on rencontrait d 'abord, à gauche, Madame Sclavons, pince sans-rire, devant son magasin de confections. Puis venait Zézette Talaupe, sèche, anguleuse, cassante, qui tenait un commerce de comestibles et de poissons frais. Plus bas, « Boulotte » et son mari, « le soufflant » (il remplissait les fonctions de souffleur au théâtre) tenaient le même commerce que Zézette et, chose curieuse vivaient avec elle en très bonne intelligence. Ce qui manquait à l'une, on le trouvait chez l'autre et c'était une occasion de plus pour potiner.

En face, le père Deghensart, boulanger dont la femme ne quittait pas la rue. Il n'y avait plus que lui à Mons qui acceptait de faire cuire dans son four les paniers de poires. Aussi, dès une heure, en saison, les marchandes - femmes du peuple – garnissaient-elles le trottoir devant chez lui, ce qui amplifiait encore l'ardeur cancanière des commères assises devant leur porte. Dès trois heures, on sortait du four les paniers brûlants et aussitôt les cris précipités « A poires cuites toutes chaudes » se succédaient en s'éteignant au loin.

Vers le milieu de la rue, à gauche, Madame Moutrieux, la mère de Pierre (1824-1908, professeur, écrivain en langue française et régionale), étalait ses mouchoirs de poche rouges dont elle avait le monopole de vente. Elle était toujours habillée d'un bonnet de lingerie serré aux tempes, d'où s'échappaient deux papillotes de papier bleu pain de sucre, petit châle sur un capotin, tablier de cotonnette, sur une jupe courte. Pierre n'avait rien perdu de l'humeur caustique de sa mère, ce qui est beaucoup dire.

En face, la « Gazette de Mons » : Madame Lelouchier et ses rédacteurs, toujours aux fenêtres, dont « Croquignolle », jeune et fougueux, toujours prêt à l'attaque. Nouvelle épreuve à passer : à gauche, morsure ; à droite, sarcasme. Au tournant de la rue, ma mère, qui aurait aisément fait chorus si elle n'avait été trop occupée par son commerce et son ménage.

Vis-à-vis, à l'enseigne du « Gros Visage » : grand-mère Jacquin, qui avait à peu de choses près conservé le costume de la Révolution. J'ai peint son portrait en 1872. Je la vois encore : taille moyenne, très corpulente, avec la tête beaucoup trop grande pour son corps. Sa fille Nana, aussi courte, aussi grosse qu'elle, élargissait encore sa face par deux lourds bandeaux second empire ; taille pincée, crinoline énorme, c'était comme une toupie sans fer.

Jacquin-Reignier, lampiste – comme disait l'enseigne – avait pour fils Désiré, lampiste aussi. A cette époque, le lampiste était un personnage d'importance, car on s'éclairait encore à l'huile grasse. Et en hiver, quand les gens du monde donnaient bals et soirées, Désiré, en redingote, se rendait de maison en maison pour remonter en temps et en heure, l'horlogerie des lampes Carcel. Chez Jacquin, les potins se faisaient à l'intérieur : Désiré fabriquait les ferblanteries et réparait des lampes dans sa cave, dont l'entrée par escalier à rue était ouverte à tout venant. Mais, on n'y potinait qu'entre hommes : question de jeux de cartes, de société de St-Antoine (crossage), farces de cabaret, capacités bachiques ou gastronomiques et discussions sur la qualité des tartes au fromage.

Entre-temps, grand-mère Jacquin et sa fille, l'air aimable, observaient les passants du seuil de leur magasin. Ma mère y allait quelques instants avant le déjeuner et après le dîner, sans quitter de l'oeil la porte de sa boutique.

Vers le bas de la rue, Charlotte Dubois, l'Hôtel des Embarrassés, je ne sais pourquoi. C'était un estaminet où on logeait les « remplaçants » (individus que les « marchands d'hommes » fournissaient aux conscrits riches pour faire leur service militaire en leur lieu e t place, moyennant finances). On y logeait aussi les colporteurs, les pifferari (musicien ambulant qui, en Italie, jouait du piffero, du fifre, de la cornemuse ou de la flûte, dansait ou chantait.), les lutteurs, etc. etc, ce qui ajoutait souvent au pittoresque du quartier.

De l'autre côté de la rue, Florent Pottemans, huissier audiencier à l'Hôtel de Ville, vendait des chaussures pour dames de la bonne société. Comme il était veuf, sa nièce, Melle Celina Baillez, tenait son magasin.. Là, les cancans étaient plus discrets et d'ordre plus relevé : commissions confidentielles, renseignements intimes, alimentés par les clientes du beau monde, ou par leurs femmes de chambre, et surtout par la vieille demoiselle Koval, la « nouvelliste » qui restait au coin de la rue de la Raquette.

La rue du Miroir reprenait son caractère général de potinière deux ou trois portes plus bas, avec l'estaminet de Potiez, dit Grand-Pierre, le plafonneur-blanchisseur. C'est Fifine, sa femme qui occupait le comptoir et tenait, en même temps, un petit commerce de poterie.. Tous les gens du quartier, tant hommes que femmes, venaient « boire leur pinte » chez Fifine, d'où les nouvelles prenaient l'essor aux alentours. On y exerçait aussi l'art de « faire monter à l'arbre » tel des habitués qui prêtait à la raillerie. Les demoiselle Brabant, mercières en face, Mme Vaugrand, lavandière et son mari Philippe le facteur, n'étaient pas en reste chez Fifine, tant s'en faut.

La dernière maison du coin de droite était occupée par Maximilien Michel qui exerçait son métier de serrurier au rez-de-chaussée et sur le trottoir. Sa femme et ses deux enfants habitaient le sous-sol, très dégagé du côté du Marché, en raison de la déclivité de la rue. Madame Michel, mince comme son mari et haute de deux mètres, surveillait le marché (aux poulets) par la fenêtre de sa cave et rien n'échappait à sa vigilance : tel avait acheté un lièvre et ne payait pas ses dettes ; celui-ci s'offrit une poularde, et il portait des franges au bas de son pantalon. Heureux encore quand elle n'invectivait pas ceux ou celles dont les dépenses ne lui plaisaient pas.

Madame Michel allait boire sa pinte chez Fifine, Michel y était client assidu. Pour s'y rendre, quand il quittait sa forge, il déposait son marteau sur l'enclume. Et le client qui arrivait en son absence saisissait le marteau et frappait trois fois l'enclume. C'était l'usage admis pour appeler Michel, qui bientôt paraissait, sortant du cabaret. »

Tout un monde révolu.

Photos :

Plan de l' hôtel du Grand et Petit Miroir. Christiane Piérard dans La Grand-Place de Mons, étude architecturale. Bulletin de la Commission Royale des Monuments et Sites. 1973.

Costume traditionnel au tournant des XIX et Xxe siècles. Carte Postale.Ed. Nels. Coll de l'auteur.

Enseigne « Au Gros Visage » rue du Miroir. Photo A. Van den Eynde. 2005.

Crinoline passant devant le palais de Justice. Carte postale oblitérée en 1905. Ed. Nels, Bruxelles. Coll. De l'auteur.

Vue vers le bas de la rue du Miroir depuis le Marché aux Poulets. Photo FAPMC.

La fontaine du marché aux poulets . Photo Léon Losseau.

BINCHE

CHAUSSEE DE BINCHE

Cette artère en forte pente tellement que les premiers trams à vapeur desservant la ligne de Saint-Symphorien la contournaient en passant par le carrefour de Verapaz (Saint Fiacre) pour prendre la chaussée du Roeulx jusqu'au lieu dit « La Crêmerie » où ils tournaient à droite pour se rendre, par les pâtures, jusqu’à Saint-symphorien. Plus tard, la puissance des machines ayant augmenté, on ouvrit une ligne directe par la Bascule, mais quand il y avait un wagon de marchandises, il fallait néanmoins décrocher celui-ci au bas du raidillon pour permettre à la locomotive de gravir la côte jusqu’à son sommet avec les voitures de voyageurs. Arrivée là, elle dételait et redescendait haut le pied pour prendre le wagon resté en arrière. Une fois remontée, on rassemblait le tout et on continuait son chemin.

Le sommet de la côte porte le nom de « La Bascule ». On peut attribuer cette appellation au fait qu'arrivé au haut de la pente, l'on « basculait » sur un terrain désormais plat ; ou bien encore que c'est là que se trouvait un octroi, c'est à dire une « barrrière » où les charretiers devait faire peser leurs marchandises sur une bascule pour payer leur droit de passage, dit « de barrière ». Ce lieu était donc une sorte de péage à l'entrée de la ville. L'octroi servait au pavage et à l'entretien des voiries... Il fut supprimé vers 1865." Signalons encore l'existence, jusque dans les années 70, à cet endroit d'une petite chapelle en maçonnerie abritant un « Bon Dieu de Pitié » que protégeait un vénérable robinier plus que centenaire (lors de la suppression de la chapelle, la statue du Christ qu'elle contenait a été transférée dans une chapelle de la ruelle de l'Âtre puis dans l'église Saint-Nicolas, elle-même).

Pour beaucoup de vieux Montois, chaussée de Binche rime avec Brasserie Labor. Nom illustre s'il en est à Mons. ET pourtant, tout avait commencé modestement. Au n°69 de la chaussée, s’était installée en 1885 une petite brasserie fondée par un certain Célestin Ségard, originaire de Meslin l’Evêque. Malheureusement celui-ci décéda prématurément en 1895, à l’âge de 46 ans, mais sa veuve prit la décision de continuer l’activité avec l’aide de son fils, Valère, qui, à 14 ans, abandonna ses études pour la seconder.

Á eux deux, ils réussirent à développer l'affaire. Grâce à une habile politique de fusion menée par le jeune Valère. L’entreprise connut un bel essor, jugez-en : reprise, après la première guerre mondiale, de la brasserie « St Pierre et St Ghislain » de Vaulx près de Tournai, de la brasserie « Labor » de Braine-le-comte., enfin, association avec la brasserie Deflandre, de Braine-le-Comte, pour former la « SA Brasseries Labor, fusion Ségard – Deflandre ». Le nom « Labor » (travail, en latin) et son emblème, une ruche, donne une idée de la valeur que ces brasseurs accordaient au travail. Cette dénomination commerciale fut utilisée jusqu’en 1928 date à laquelle, suite à la fusion d’avec les « Grandes Brasseries du Hainaut » de la rue de Bertaimont, elle devint « sa Brasseries Labor – Hainaut réunies ». Un peu plus tard, au début des années trente, d’autres fusions eurent encore lieu avec des brasseries situées à Saint-Ghislain et à Haine-Saint-Paul, et la société devint alors « sa Brasseries Labor » tout cours.

A ce moment elle était à son apogée et employait plus de 400 personnes. Le site de production s’était considérablement élargi par la construction de nombreux bâtiment autour de l’ancienne maison familiale, toujours existante à front de la chaussée de Binche. De nombreux véhicules effectuaient les livraisons dans toute la région. A cette époque, Il y en avait alors autant à moteur que tirés par des chevaux. Les « qu’vaux d’el Brasserie Labor » sont célèbres pour avoir tiré de nombreuses années de suite, sans jamais faillir, le Car d’Or, lors de la procession de la Trinité. Malheureusement le progrès a eu raison d'eux, les derniers, Baron et Olga, ayant fait leur ultime tournée en septembre 1959.

En 1964, vint la fusion avec les brasseries Caulier, Impérial et « Cousin-de Rauw » et le déménagement vers le zoning de Ghlin pour former la « sa Brasserie de Ghlin ». Les bâtiments de la chaussée de Binche, désormais inutiles furent rasés (certains dynamités) en 1978-1980 et les terrains vendus pour laisser place à un centre commercial.

Actuellement, le bâtiment le plus remarquable de la chaussée de Binche est manifestement le château qui se trouve à mi-pente sur le flanc du Mont Panisel. Ce château, qualifié de style éclectique1, actuellement propriété de l'État belge et mis à la disposition du commandant suprême des forces alliées en Europe (SACEUR), a été construit par Louis Xavier Joseph Hardenpont en 1892 pour sa fille Jeanne. Ce Louis Hardenpont, né le 9 avril 1841 à Mons et mort le 10 juin 1921, toujours dans cette ville, était un riche industriel doublé d'un homme politique. Il fut, en effet, le président de plusieurs sociétés de charbonnages et conseiller communal de Mons, de 1875 à 1887, enfin, membre du Sénat, de 1883 à 1900. 

Il était de la famille de l'Abbé Nicolas Hardenpont (Mons, 1705-1774) qui fut le premier semeur connu de variétés de poires en Europe. Il semblerait qu'il ait utilisé le premier dans ce domaine la fécondation artificielle. Avant Hardenpont, on ne connaissait guère que des poires à chair cassante, et ce sont ses travaux ainsi que ceux de ses continuateurs belges, qui ont fait prédominer les poires fondantes. Le jardin dans lequel Hardenpont faisait ses semis et cultivait ses poiriers se trouvait au pied du Mont-Panisel, à l'extérieur de Mons, près la porte d'Havré. Hardenpont ne produisit qu'un petit nombre de variétés, onze semble-t-il, mais plusieurs d'entre elles étaient encore, un siècle plus tard, considérées comme sans rivales. La Beurré d'Hardenpont, en particulier, jouissait au siècle passé d'une telle faveur dans notre pays, qu'elle figurait, dit-on, "dans tous les jardins, en ville comme à la campagne, chez le petit cultivateur aussi bien que le riche propriétaire (2).

Pour en revenir à Louis Harednpont, ceui-ci était marié à Clotilde Adélaïde Maigret (1843-1895). il eut pour enfant Hélène Thérèse (1866-1946) qui épousa le baron Jules Charles Duvivier(1858-1919) et Jeanne-Louise (1869-1957) qui épousa Charles Emile Gendebien (1859-1927).

Le couple Gendebien avait sa propre habitation dans le parc, en bordure de la chaussée. Celle-ci disparut, incendiée, au cours des durs affrontements qui se déroulèrent à l’angle des routes de Binche et de Beaumont, le dimanche 23 août 1914. C’est, en effet, là qu’eut lieu un des épisodes de la bataille, dite de Mons, qui fut la première qu’eut à livrer le Corps Expéditionnaire Britannique, lors de la première guerre mondiale. Le 1er Gordon Highlander et le 2e Royal Scots, qui faisait partie de la 8e brigade d’infanterie du général B.J.C. Doran, avait reçu l’ordre de présenter une résistance très ferme sur les hauteurs situées à l’est de Mons afin de protéger tout le dispositif anglais qui avait pris une position défensive tout le long du canal, depuis Obourg jusqu’à Condé. L’attaque par le 17e corps allemand venant du Nord Est fut très violente, l’état des habitations en témoigne, mais malgré leur nette infériorité numérique, les Britanniques leur infligèrent de lourdes pertes grâce à un feu nourri et précis. Cependant, en fin de journée, débordés sur leurs arrières par des unités ennemies qui avaient réussi à pénétrer en ville, les derniers défenseurs anglais postés à la Bascule durent faire retraite par le Bois-la-Haut, et ne durent leur salut qu’à l’énergique défense que ces deux unités avaient opposé à leurs assaillants du front principal et qui avait découragé ceux-ci à les poursuivre.

Le château «Gendebien» avait été choisi pour servir d’hôpital auxiliaire. Il était placé sous les ordres du major LONG, medical officer du 2e Royal Irish et servit par des religieuses montoises. Bien qu'il portât sur ses fenêtres et sur le toit des drapeaux à croix-rouge pour signaler la présence de blessés. il fut atteint, dans l’après-midi, par des obus incendiaires qui mirent le feu à tout le bâtiment. Les blessés, réfugiés dans les caves, furent tant bien que mal évacués et disposés sur la prairie séparant les deux châteaux, Hardenpont et Gendebien. Au total, il n’y eut que deux blessés anglais tués par les obus. Les autres, rescapés mais livrés à eux-même, furent capturés et envoyés par la suite en Allemagne. Les combattants, eux, se sont retirés par le mont Panisel vers le village d’Hyon, puis vers Nouvelles, non sans avoir, dans l’après-midi du dimanche, retiré et évacué les batteries d’artillerie qu’ils avaient installées sur les hauteurs du Bois-là-Haut et qui avaient largement contribué à la défense de la ligne.

Les dégâts infligés lors de cette courte bataille furent tellement importants qu’il fallut raser les maisons situées au coin de la chaussée de Beaumont et la chaussée de Symphorien (après la guerre, une nouvelle bâtisse où s'ouvrit un débit de boisson et un poste d'essence fut reconstruite à ce même endroit). Il en fut de même avec le château Gendebien, complètement ravagé par les flammes. Il fit place par la suite à un bâtiment plus modeste construit sur les fondation de l'ancien château. Habitation privée, il fut vendu vers 1992 pour devenir le restaurant "Le Boeuf qui rit", puis "Léon".

C’est en commémoration de cet affrontement que fut érigée, à l'angle du chemin des Mourdreux et la chaussée de Binche en direction de Saint-Symphorien, la croix celte en hommage aux soldats et officiers du Royal Irish Régiment tombés en 1914 et 1918. Elle fut inaugurée le 11 novembre 1923 par Lord French, comte d’Ypres, maréchal de l'armée britannique, premier commandant du Corps expéditionnaire britannique. Plus tard, le 23 août 1986, fut installé de l’autre côté de la chaussée, le monument dédié aux deux batailles de Mons (celles des 23 et 24 août 1914 et du 11 novembre 1918), initialement inauguré par le Maréchal Alexander, comte de Tunis, en 1952, dans le parc du château, non loin du beffroi. Celui-ci fut transplanté à cet endroit pour cause de travaux de restauration du château de Mons et de recherches archéologiques. Il porte cette inscription :«Here the forces of the British Empire fought their first and last battle in the 14-18 war. On 23rd and 24th August 1914, the British Expeditionary Force commanded by Sir John FRENCH with supreme courage held the advance of overwhelmingly superior German Forces. On Armistice Day 1918, after 60 hours of heavy fighting, Canadian divisions entered Mons. British and Canadian Regiments have erected this tablet to the Glory of God and to Commemorate these events».

1 Agence wallonne du Patrimoine.

2 In « Les Pomologues Belges »

Photos :

Le haut de la chaussée de Binche. Photo anonyme.FAPMC.

La « Bascule » en haut de la chaussé de Binche. Photo anonyme. FAPMC.

Le « Bon Dieu de pitié de la chapelle de la Bascule (ici dans l'église St-NIcolas.

Panneaux publicitaires des bières Ségard. Photo de l'auteur. 2008.

Entête de document de la brasserie Labor. Coll. de l'auteur.

Vue aérienne de la brasserie Labor. Carte postale vers 1930. Ed. De Muynck. Collection de l’auteur.

Vue arrière de la brasserie Labor. Carte postale vers 1930. Edition De Muynck. Collection de l’auteur.

Façade de la brasserie Labor. Carte postale vers 1930. Edition De Muynck. Collection de l’auteur.

Le parc automobile de la brasserie Labor . Carte postale. Edition De Muynck. Collection de l’auteur.

Le château Hardenpont. Carte postale vers 1900. FAPMC.

 

Louis Xavier Joseph Hardenpont. Photo Wikipedia.

 

Le château Gendebien, façade côté parc. Carte postale vers 1900. FAPMC.

 

La même façade après l'incendie du 23 août 1914. Photo anonyme. FAPMC.

 

La façade côté chaussée après l'incendie du 23 août 1914. Carte postale. FAPMC.

 

Les habitations de la Bascule après la bataille du 23 août 1914. Photos anonymes. FAPMC.

La croix celte érigée en 1923 à la Bascule. Carte postale vers 1900. FAPMC.

 

Le monument aux Alliés, transféré du square su Château à la Bascule en 1986. Photo de l'auteur.

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