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CHEMIN DES BRASSEURS (D'après Paul Heupgen)

Jusqu'à il n'y a guère - quand il y avait encore des brasseries à Mons, on comptait dans les environs de la ville un « chemin des Brasseurs », au pied du mont Panisel (qui est devenu depuis la rue Léon Save,) et un « Petit Chemin des Brasseurs », situé, lui, au Trieu de Bertaimont (il porte maintenant l'appellation simplifiée de rue des Brasseurs).

Donc deux voiries qui portaient quasiment le même nom. Très bien, mais il n’y a jamais eu de brasserie par là. Alors, pourquoi ces deux dénominations ?

Remarquons que ces voiries « des Brasseurs » se dirigeaient toutes deux vers Hyon. Alors qu’allaient donc faire à Hyon les brasseurs de Mons ?Tout simplement y moudre leur malt. Au moulin du comte, dit Moulin au Bois, qui était un moulin banal. Ce terme ne voulait pas dire que tout le monde pouvait y aller, mais bien devait y aller, car il s'agissait d'un monopole lucratif détenu par le fisc seigneurial (droit du ban). Ce droit était également d'application sur les deux moulins situés à l'intérieur des remparts, Et cela rapportait car, au XVIe siècle, il y avait à Mons 27 brasseries. Pour 15.000 habitants. Rappelons que dans les temps anciens, la bière était le seul moyen, dans nos régions, de se désaltérer et conserver des boissons sans risquer de s'infecter par de l'eau de puits souvent contaminée.

Bref, on brassait beaucoup et on buvait beaucoup. Il y avait donc un grand charroi « brassicole » entre Mons et Hyon, et aussi de très mauvais chemins. Les brasseurs qui furent toujours des personnages influents, réclamèrent et le Conseil de ville s’occupa de la chose : « Fu parlé d’ériger une partie de chaussée allant de Mons à Hion, attendu qu’en la saison d’hiver, les cambiers ne savoient comment aller aux moulins de Hion, qui nuisoit et retardoit le bien publicq ». (Conseil de Ville, 4 juin 1532)

Et le 17 août 1532, le Conseil vote un subside de 100 livres pour cette chaussée. Non seulement cela, mais l’on passe de suite aux travaux que l’on presse : « Décidé de haster la construction de cette chaussée, attendu que les cambiers ne pouvoient bonnement attout leurs karettes, aller aux dits moulins et que est en danger journellement perdre leurs chevaulx ». (Conseil de Ville, 19 octobre 1532)

Ainsi fut créée cette chaussée, chaussée étant un chemin pavé et fut naturellement nommée chemin de Brasseurs. Quant au Petit chemin des Brasseurs, il est resté longtemps petit et chemin.

Photos :

Le moulin au Bois à Hyon. Carte postale oblitérée en 1915. Coll. De l'auteur.

La retenue d'eau du Moulin au bois. Photo anonyme. Colle. De l'auteur.

Enseigne de la brasserie « À la Ville de Dinan - 1743 ». Dessin paru dans « À travers le Mons d’Autrefois » d’Albert Dehaene. 1936.

BRASSEUS
LESCARTS

RUE JEAN LESCARTS

Depuis 1309 cette rue portait le nom de rue de la Vièse Tuilerie puis en 1405 (première mention), elle prit le nom d rue du Cul du Sac parce que, longeant une fortification qui ne fut jamais achevé (voir rue de la Peine Perdue), elle était sans issue. Á partir de 1830 on trouve le nom de rue derrière la Halle. Après le décès de Jean Lescarts qui y avait sa demeure, elle fut rebaptisée de son nom.

Jean Lescarts est né à Mons en 1851 et y est décédé le 9 décembre1925. Docteur en Droit, avocat au Barreau de Mons, il goûte à la politique et rallie le parti libéral montois. Conseiller communal, il exerce le mandat d’échevin, avant de succéder, en 1905, à Henri Sainctelette à la tête du collège communal.

L’embellissement de la cité du Doudou est à son programme ; il y promeut aussi la construction d’un nouvel Athénée qui viendra remplacer celui qu’il avait fréquenté durant son adolescence. Pendant vingt ans, Jean Lescarts est le bourgmestre de Mons, sans exercer aucun mandat à d’autres niveaux de pouvoir. Lorsque Jules Destrée interpelle l’opinion publique avec La Lettre au roi et entreprend de constituer un Parlement wallon informel, Jean Lescarts se mobilise et rallie l’Assemblée wallonne dès l’automne 1912 et accepte d’être l’un des délégués de Mons au sein de cet organisme wallon chargé d’étudier la question de la séparation administrative. Prenant une part active à ses travaux, il intervient notamment lors de la session de Mons (16 mars 1913) qui examine les options d’un emblème wallon. Quand certains hésitent devant un coq qui pourrait être interprété comme trop français, Lescarts influence le choix final en se demandant si le coq est seulement un emblème français ou plus simplement le symbole de la Gaule toute entière. « Si nous sommes Gaulois, pourquoi ne pas le proclamer fièrement en inscrivant le coq sur un drapeau ? ». Il intervient aussi au moment du choix de la devise : Wallon toujours est alors préféré à Wallon demeure.

Après l’adoption du seul décret de l’Assemblée wallonne, Jean Lescarts contribue à populariser les emblèmes wallons : l’hôtel de ville montois est l’un des premiers à pavoiser aux couleurs wallonnes. Jusqu’en 1925, année de son décès, le mayeur de Mons restera un membre fidèle de l’Assemblée wallonne. Sous l’occupation allemande de 14-18, il se refusera à poursuivre l’étude de la question wallonne tant que la liberté n’est pas rendue à l’ensemble de la Belgique. En tant que bourgmestre, il avait été pris en otage dès le mois d’août 1914 ; par la suite, il s’affaire pour organiser, protéger, ravitailler et défendre la vie de ses administrés. Son dévouement et sa bravoure lui valurent le respect de tous ses contemporains.

Fin lettré, grand ami des arts et archéologue érudit, particulièrement attentif à la sauvegarde du patrimoine montois, collectionneur impénitent, Jean Lescarts a transformé sa maison (derrière la Halle) en un véritable musée. Il comprenait qu’il est injuste de désintégrer les efforts de tous nos devanciers quand ils sont concrétisés dans un peu de beauté. Par la suite, le Musée du Folklore et de la Vie montoise, aujourd'hui fermé, porta le nom de Maison Jean Lescarts afin d’honorer sa mémoire.

Il était passionnément attaché à sa ville natale, passionnément Montois ; pour tout dire Montois « cayaux » ! Ensuite, il était extrêmement attaché aux humbles, accessible aux plus petites gens. Dans ses promenades matinales, il parcourait les plus bas corons, accueillant pour tous ; mais à sa manière. « Ha, d’mand’ lé à Mosieu Jean. Au preum’, i t’dira non ; mais par après, i t’el baillera ; c’est toudis l’même ». Ainsi analysait une âme populaire, l’âme de Jean Lescarts.

RUE FROISSART

Cette rue doit don nom à Jean Froissart ou Jehan Froissart, né vers 1337 à Valenciennes (qui, à cette époque faisait partie du Hainaut) et mort vers1410 à Chimay. Celui-ci fut l'un des plus importants chroniqueurs de l'époque médiévale.

Ses Chroniques couvrent la première moitié de la Guerre de cent Ans opposant, de 1337 à 1453, la dynastie des Plantagenêt à celle des Valois, jusqu'à l'an 1400. Elles constituent une source essentielle pour la connaissance du siècle et de la culture chevaleresque de l'époque, en Angleterre et en France. En conformité avec les techniques du roman courtois, Froissart s'attache à narrer les prouesses des rois et de leurs preux chevaliers. En tant qu'historien, il dit ne relater que ce qu'il a vu lui-même ou ce qui lui a été raconté par des témoins sûrs et affirme l'impartialité des événements qu'il rapporte au cours de son récit, bien qu'il commente parfois les événements. Ses Chroniques, sont d'une grande cohérence interne, et font apparaître la guerre entre les rois de France et d'Angleterre - que l'on appellera plus tard « guerre de Cent Ans » - comme un épisode signifiant de l'histoire de ces deux pays. Froissart rapporte principalement dans des textes qui sont conservés dans plus de 100 manuscrits enluminés, les événements qui se sont déroulés en Angleterre, France, Écosse, Pays-Bas et Péninsule Ibérique. Il mentionne aussi occasionnellement des événements impliquant l'Italie, l'Allemagne, l'Irlande, les Balkans, Chypre, la Turquie et l'Afrique du Nord. Elles sont remplies d'anecdotes : histoires d'adultère, de revenants, de passages souterrains cachés, d'homicides tragiques, de catastrophes spectaculaires et de possession diabolique. Comme dans beaucoup de chroniques médiévales de son époque, les Chroniques de Froissart sont destinées à un public lettré Enfin, outre quelques recueils de poèmes, Froissart est aussi l'auteur de Meliador, un long roman en vers de huit pieds qui met en scène les exploits des héros arthuriens.

Très peu de choses sont connues de la vie de Froissart et le peu qui nous est parvenu vient principalement de ses propres chroniques et de ses poésies. Ses écrits indiquent que son père était vraisemblablement peintre en armoiries. Il commence à travailler en tant que négociant mais abandonne bientôt pour la prêtrise à laquelle son père le destine. Il reçoit alors l'éducation religieuse destinée aux clercs. Mais le jeune homme préfère toutefois la vie et les plaisirs. Aussi, vers l'âge de 24 ans, il devient poète. Robert de Namur le prend à son service et l'emmène en Angleterre et le présente à sa belle-soeur, Philippa de Hainaut (vers 1314 – 15 août 1369), fille de Guillaume 1er de Hainaut et de Jeanne de Valois et épouse du roi Edouard III d'Angleterre,qui l'engage à composer la chronique des guerres du temps. C'est ainsi qu'il devint historien officiel à la cour d'Angleterre où il resta quatre ans.

En 1365, il part pour l'Écosse, puis il gagne l'Italie, accompagnant Lionel d' Anvers , le fils de la reine Philippa, dans un cortège se composant de 447 personnes, pour son célébrer son mariage avec une Visconti. Puis il se rend à Bologne, à Ferrare et à Rome. Sur la route du retour, il apprend la mort de Philippa et décide de rentrer dans son pays où il retrouve Robert de Namur. Par la suite, il passe au service du duc Venceslas de Luxembourg en tant que secrétaire puis de Jeanne de Brabant, enfin au comte Guy de Blois dont il devient clerc de la chapelle et avec qui il séjourne à la cour des Valois de 1384 à 1386.

Il sert encore Aubert de Bavière, comte de Hollande, de Zélande et de Hainaut de 1389 à 1404, et Guillaume IV de Hainaut - son fils, comte de 1404 à 1417 ; ce qui lui permet de poursuivre la rédactions des Chroniques. Il obtient en 1373 la cure du village d'Estinnes, puis, il devient chanoine et trésorier du chapitre de Chimay, ce qui le libère des soucis financiers.

En 1388, il séjourne en Béarn auprès de Gastn Phoebus, cela lui permet de collecter des informations sur le sud du royaume de France, lui qui était surtout connaisseur des régions du nord. Retournant en Angleterre en 1395, il semble déçu par les changements qu'il y voit et qu'il considère comme la fin de la chevalerie. La date et les circonstances de sa mort sont inconnues, il semblerait avoir fini ses jours à Chimay.

Une station de métro de Paris porte son nom ainsi qu'une place à Valenciennes, un collège à Quiévrechain, ainsi que la place principale de Chimay où s'élève une statue à sa mémoire. Enfin, une rue à Mons1.

1Source Wikipédia.

Photos :

Portrait de Jean Froissart. Recueil d'Arras (Bibliothèque municipale d'Arras).

Statue de Jean Froissart au Louvre.

Statue de Jean Froissart sur la lace de Chimay.

Enluminure illustrant l'Amour Courtois. Codex Manesse de Gottfried von Neifen

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