En complémént de l'article sur les sorciers et sorcières à Mons, voici, extraits du dossier du procès criminel de Tiste Marguerite, native de Jemappes, pour sortilège – 1671
conservé aux archives de l’Etat à Mons. Greffe des échevins de Mons. Liasse du mardi – n° 439, l'intégralité de son interrogatoire :
1. Interrogatoire du 8 mai 1671
« La prisonnière, amenée en la salle rouge, dit qu’elle se nomme Marguerite Tiste, à marier, en eage d’environ dix huit ans ( en fait, elle n’en a que quatorze), natifve de Jemappes, fille de Charles, portant le faisy[1] pour les marchands au rivaige, et d’Agnès du Four, morte passé longues années ».
Ressuivie le 13 mai 1671, en présence de Messieurs le Brun et de Gage, a dit le mesme, hormis qu’elle a dit qu’elle n’est âgée que d’environ quatorze ans, ainsi que son pasteur lui a dit.
2. Enquise si elle n’a frère, ni soeur ?
A dit qu’elle a une soeur morte passé quatre ans, décédée à Jemappes, à La maison Jacques Caudron en qualité de servante, estant eagée de vingt quatre ans. Et ses soeurs sont mortes toutes jeusnes.
3. Encquise si sa soeur ne lui a appris à faire des maléfices ?
4. Interrogatoire du 9 mai 1671 au matin :
A dit qu’un an avant la mort de sa dite soeur, résidente lors ensemble chez leur père, gardant les vaches en un paschy, elle luy a dit qu’on allait aux dances cinq à six lieu, et luy demanda si elle voulait aller avec. Et luy ayant respondu que c’estoit trop long, elle luy dit que lors qu’elle seroit lasse, qu’elle la porteroit sur son dos, Et lui ayant répliqué qu’elle seroit scrande, elle luy dit que non ; qu’il y avait un homme qui la porteroit. Et luy aient demandé si elle voioit cet homme, elle luy dit que non, et qu’il n’y avait qu’elle qui le veid, et qu’il n’estoit que de la grandeur de son père, Et trois ou quatre jours après, estant sarquelante dans son jardin avec sa dite soeur, elle luy fit mesme conte sur le matin. Et estant couchée sur les dix heures de la nuyct, au mois de mars, elle s’habilla ; elle s’estant habillée paravant, elle la chargea sur son dos, et la lya avec une cingle, et l’emporta environ un quart d’heure à pied, Et puis, elle ala et la porta en aire environ trois heures ; et puis elle la déchargea sur un mur, disant qu’elle n’estoit lasse, mais la parlante luy dit qu’elle estoit fort lasse, comme toutte craventée. Et puis elles furent à pied environ une heure, aiant désiré paravant estre deschargée, parce qu’elle estoit trop lasse et trop fort estreinte, Et elles arrivèrent à une place où elles trouvèrent environ trente tant filles que femmes que garçons, et un homme qui les mettoit en ordre, qui estoit habillé gris, de chaire noire. Et les aiant tous assemblé, il la pris par la main et la mis dans la danse, et dansèrent une ronde danse environ une heure, Et puis, ce dit homme la danse finie, se fut joindre à un plus grand, qui estoit extraordinairement noir de visage, et devisèrent ensemble. Et elle et ceux de la compagnie s’assirent à terre, y aiant toujours eu trois à quatre chandeilles dont la lueur estoit noirastre, mise sur des chaises de bois à trois ou quatre pieds. Et aiant ainsi esté assise près de sa soeur environ demi heure, près de laquelle il y avait un homme qui luy parloit bas, elle se rethira avec sa soeur, qui la mena environ deux heures par la main. Et puis elle la chargea de mesme qu’elle l’avoit apportée, excepté qu’elle la porta à pied ; et elles sont retournées à leur maison par la porte que sa soeur ouvrit, et furent en leur chambre où elle la déshabilla et se mirent au lict.
Et cinq ou six jours après, aiant esté coucher avec sa soeur, un homme noir habillé la revint éveiller, et lui dit qu’elle s’habilletoit, ou qu’il luy casseroit la teste avec un baston de fagot, et dit qu’il falloit qu’elle iroit avec luy. Et lors, elle se decoucha, sa soeur estant allée avant que le dit homme luy eut apparu. Et le dit homme l’emporta par la fenestre du toit et la mis en bas, et puis il lui dit qu’elle
marcheroit, comme elle a fait environ trois heures, estant suivie à quatre ou cinq appas de cet homme, lequel pris le devant estant environ demi heure de la place, qui estoit la mesme que la première. Et y estant, elle vil sa soeur qu’elle reconnut bien, et quantité d’autres qu’elle ne conneut. Et s’estant assise sur l’herbe, aiant deux ou trois entre elle et sa soeur, le dit homme se mit près d’elle et la mena danser avec tous ceux de la compagnie, comme elle avoit fait la première fois, sans qu’on y eut fail autre chose. Et après la danse, il la ramena à son logis et la porta par la messe fenestre près de son lict, où elle trouva sa soeur, et il la baisa à la fasse sur l’esponce et lui demanda s’il la viendroit encore chercher, et elle respondit que oy.
5. Enquise si elle en parla à sa soeur, et si cet homme ne fit rien à sa soeur et s’il ne se coucha sur elles ?
A dit qu’il n’a parlé à sa soeur, qn’il ne luy a rien fait, et qu’il ne se coucha près d’elle.
6. Enquise si elle n’a conté à sa soeur cet accident ?
A dit qu’elle luy a conté, et qu’elle a dit qu’elle ne l’avait veu revenir, qu’elle l’avait bien veue à la danse, et qu’elle estoit revenue en air, et puis elle est tombée malade et elle en est morte, advertissant que lors sa soeur demeuroiy en la maison Jacques Caudron, et qu’elle estoit venue coucher près d’elle quinze jours, à cause qu’elle avoit crainte de coucher seule, pource que sa tante estoit mortte et que son père estoit en cette ville.
7. Enquise combien elle a été de fois à la danse ?
A dit qu’elle n’y a esté que quatre fois, scavoir deux fois comme elle a dit, la troizième passé un an, et la quatrième passé trois semaines, aiant l’une et l’autre fois bien esté portée en air. Depuis, a dit qu’elle a esté six fois.
8. Enquise s’il ne la venait souvent visiter ?
A dit que depuis la morte de sa soeur, il la venoit visiter presque tous les jours, en forme d’un homme ordinaire, hormis qu’il estoit toujours plus noir.
9. Enquise si elle n’a eu acointance charnelle avec lui ?
A dit que oy, et presque tous les jours, et que sa soeur en avoit un autre qui la baisoit aussi.
10. Enquise quand il a conneu la première fois ?
A dit qu’il l’a conneu la première fois lorsqu’il est venu parler dans le courtil de son père, lorsqu’elle estoit près de sa soeur sarquelant, laquelle l’en avoit adverty et luy dit qu’elle ne s’espouvanteroit et l’admonesta de ce qu’il se menoit.
Et qu’elle ne devoit permettre que cet homme luy eu changé son nom, parce qu’il en gaigne son àme,
11. Enquise ce que cet homme luy a dit ?
A dit qu’il ne luy a parlé que d’aller à la danse.
12. Enquise quand cet homme l’a conneu charnellement la dernière fois ?
A dit que ç’a esté vendredy passé huit jours, quand elle estoit allée demeurer à la maison Marguerite Daniel, sur la bruière, près de la belle maison, lorsqu’elle gardoit ses vaches, sur les deux heures après midi.
13. Enquise si elle avoit du plaisir quand il la baisoit ?
A dit qu’oy,
14. Enquise si la partie de cet homme estoit froide ou chaude, et si sa semence estoit chaude ?
A dit que tout estoit froid, tant la partie que sa semence, excepté qu’il luy semble que lorsqu’il faisoit chaud, sa partie estoit chaude, et sa semence toujours froide.
15. Enquise si depuis il ne l’est venu veoir ?
A dit que passé trois semaines, aiant esté se confesser à un recollet de celte viile, et luy déclaré son estat, il luy a dit que lors que cet homme qu’elle croyoit estre un diable, viendroit encore à elle, qu’elle luy diroit fermement qu’elle ne le vouloil plus et qu’elle le renvoiroit, luy aiant à cet effet donné de l’Agnus Dei, ce qu’elle a fait l’aiant veu venir le samedy dernier, et il ne l’a approchée lors que deux à trois appas, et il luy a dit que puisqu’elle ne le vouloit plus, qu’il en alloit revoir une autre ; et depuis il n’est plus revenu, adjoutant que lorsqu’il s’estoit rethiré d’elle après l’avoir baisé, elle se treuvat fort lasse et craventée à l’eslomacq et aux jambes, ce
qu’elle ne sent plus depuis qu’il ne la vient plus veoir.
16. Enquise si le diable l’a marquée et en quel lien ?
A dit qu’après la mort de sa soeur, estant cueillant de la sallade dans le coutilde son père à midy, il s’est présenté à elle, et après avoir eu acointance avec elle, il lui a demandé s’il ne lui vouloit donner un autre nom, et si elle ne vouloit renoncer à son baptème, ce qu’elle ne voulut faire. Puis il lui quicta son corset de juppe et la marqua sur l’espaule gauge.
17. Enquise s’il ne l’a aucune fois battu ?
A dit qu’il l’a battu quatre à cinq fois, ne faisant bien à sa mode depuis qu’elle a esté marquée, et ce avec un baston.
18. Enquise ce qu’il vouloit qu’elle auroit fait ?
A dit qu’il vouloit qu’elle auroit ensorcelé un enfant, ce qu’elle ne vouloit faire ; mais a force de la battre, elle y consenty. Et comme elle luy dit qu’elle ne scavoit comme cela se devoit faire, il luy dit qu’elle luy donneroit un morceau de sa tartine avec de la poudrette qu’il lui mit ès mains comme plein un esclaffion de noisette ; qu’il luy dit qu’elle mettroit descμr le bure ; comme elle a fait à un enfant du béghinage de cette ville passé environ trois ans, lorsqu’elle vendit à sa mère une hottée de charbon. L’enfant estant lors en fachette, et elle luy donna à suscer sa tartine, sa mère luy aiant donné l’enfant à tenir, pendant qu’elle vidoit sa hottée, lequel enfant luy a esté hier apporté par sa mère dans la prison, afin qu’elle l’eût désorcelé, ce qu’elle ne peut faire à façon,
19. Enquise si elle n’a ensorcelé autres personnes ?
A dit qu’au commencement qu’elle a esté demeurer chez Josse de Paris, elle a ensorcelé ses deux petits enfants, la plus petite avec une pomme cuite, l’autre avec une tartine et de la poudre que le diable luy avoit donné. Et passé un mois, passant près d’une femme qui l’est aussi hier venu veoir en prison, elle l’a frappée et ensorcelée et mis de la poudre sur la manche de son cor, le diable estant auprès de luy, disant des parolles.
20. Enquise d’où elle avoit cette pouldre, oÙ elle la mettoit, et si elle en a encore ?
A dit que le diable luy donnoit, qu’elle la mettoit dessous la manche de son corps et qu’elle n’en n’a plus, qu’elle l’a jetté dans un ruisseau près de la porte de Nimy passé trois à quatre jours, afin qu’elle n’en auroit plus,
21. Enquise de quelle couleur estoit cette pouldre ?
A dit qu’elle estoit grise.
22. Enquise si le diable luy a dit à quoy cette pouldre servoit ?
A dit qu’il luy disoit que c’estoit pour faire mourir des personnes, si elles ne s’en faisoient soigner.
23. Enquise si elle n’a fait mourir des bestes ?
A dit que non.
24. Enquise si le diable lui a enseigné autres malices ?
A dit que non.
25. Enquise quand et combien de fois elle a esté portée en air ?
A dit qu’elle a esté portée une fois estant à Jemappes, passé deux à trois mois, et esté à la danse ; la seconde fois estant à la maison du dit Paris, après qu’elle eùt ensorcelé les enfants, et la troisième fois, lorsqu’elle estoit à la maison Jacq Sans barbe près de la porte de Nimy, et la dernière fois, passé quinze jours, lorsqu’elle demeuroit sur les bruières.
26. Luy dit qu’elle ment, puisqu’elle a dit qu’elle a esté deux fois à la danse du vivant de sa soeur morte passé quatre ans.
A dit qu’elle n’y a esté en tout que six fois.
27. Luy dit qu’il n’y a que huict jours qu’elle a esté demeurer deseure la belle maison.
L’a avoué et dit qu’elle n’y a demeuré que quatre jours, et que ç’a esté le quatrièsme jour qu’elle a esté en air à la danse environ les dix heures du soir, le diable l’aiant baisé et conneut deux fois à la maison et une fois à la danse, l’autre fois en revenant.
28. Luy demandé comme elle s’en alloit en air ?
A dit que le diable l’engressoit dessous ses deux bras et aux genoux et qu’après elle s’habilloit et volloit en aire comme elle voloit, quand elle retournoit de la danse.
29. Luy dit qu’il est à croire qu’elle a esté plus de fois à la danse qu’elle ne déclare ?
A dit qu’elle n’y a esté que six fois.
30. Luy demandé si estant à la danse, il n’y avoit un bouc au milieu, auquel on alloit laire la révérence et baiser son derrière ?
A dit que non.
31. Chargée que Jossè de Paris l’a priée de désorseler son enfant, et qu’à cet effet elle a invoquié le diable.
A dit qu’elle a tasché de le désorceler, et qu’elle a réclamé Dieu, notre Dame et les Saints, et non pas le diable.
32. Enquise si le dit Paris ne l’a battue, pour luy faire confesser qu’elle avoit ensorcelé son enfant ?
A dit que non.
33. Chargée que devant venir demeurer chez Paris, elle avoit dérobé noef livres à un borain.
Elle a advoué qu’elle luy a pris cinq livres dans ses haultes chausses estant à la fosse, et que le lendemain sa belle mère luy a fait reporter.
34. Enquise si aux danses elle n’a conneu personne ?
A dit que non,
Et après lecture, a marqué m
Interrogatoire du 9 aprés midi,
En présence de Messieurs de Gage el le Duc.
35. La prisonnière a esté enquise si sa soeur ne luy a dit de qui elle avoit esté sollicitée de traiter comme elle l’a fait avec le diable ?
A dit que sa soeur ne luy a jamais dit, et qu’elle ne luy a jamais parlé,
36. Enquise si elle n’a connu sa mère, ny sa grand mèle ?
A dit que non.
37. Enquise avec quoy le diable l’a marquée, si la marquant il l’a blessée et lui faict grand mal ?
A dit qu’il l’a marquée avec une verge de fer toute rouge, et qu’elle en a senty grand mal bien une heure et qu’illuy a fait un trou de la profondeur de son poulche,
38. Luy demandé si le diable ne luy a mis quelque onguent ou y appliqué autre chose ?
A dit que non, et que l’aiant marqué, il s’est l’ethiré, l’aiant conneu paravant.
39. Luy demandé s’il n’est véritable que peut avoir quinze jours, elle a padé à une demoiselle qui estoit en carosse, dans la chaussée venant vers le marché ?
A dit qu’oy et qu’elle luy a demandé si elle ne luy scavoit service, et elle luy à respondu que non.
Luy dit qu’elle sest avancée jusques la portière et suivy le carosse jusque l’hospital Saint Nicolas.
A dit qu’elle n’a touché la portière et qu’elle a suivy le carosse jusque le grand marché, et de là elle, s’est descandue par le marché aux poissons et allée vers la halle.
Sur remonstrance qu’on luy a fait qu’elle mentoit, parce qu’il est vray qu’elle a esté avec le carosse jusques l’hospital, où la dite damoiselle estant descendue, elle luy a encore parlé et et s’avancé pour luy porter la cotte.
A dit qu’oy, et que ce qu’elle avoit dit avoit esté par abus.
Luy demandé si lors elle avoit encore de sa pouldre ?
A dit qu’oy.
Luy dit qu’elle a jetté de sa pouldre sur la ditte damoiselle dans son carosse et sur ses chevaulx.
L’a dénié et dit qu’elle n’y a pensé.
Et après lecture a marqué :
marque m de la déposante.
B. 17 Juin 167-1.
Rapport des médecins « légistes »
Les sieurs docteur Haerlem et Louchier enquis en satisffaction de l’ordonnance portée à la veue des pièces du procès criminel de Marguerite Tiste, après avoir presté serment et veu et considéré les enfans de Josse de Paris et de Jehan Perin ont dit, qu’il est fort difficile de pouvoir juger si les dis enfans sont affiigez de maléfices et sortiléges, ou bien de maladies causées naturellement, d’autant que semblables maléfices se couvrent ordinairement soubs des maladies naturelles, et les maléfices se peuvent descouvrir par les exorcistes qui en peuvent respondre mieux qu’eux.
Et après lecture ont signé.
Harlem. Louchier.
Taxé à chacun 48 S
C. 22 juin 1671.
Délibéré sur les pièces du procès.
En présence de messieurs eschevins Robert, le Duc, Brabant et Dupuis. Assesseurs : Lefèbvre, le Duc, Plétincq, Pottier et Dysembart.
Consultes les avocats Mercier et Overdaet.
Reveu le procès criminel de Marguerite Tiste avec les devoirs fais suivant l’ordonnance du 15.
L’advocat Mercier dit que la prisonnière ayant confessé d’avoir esté aux danses, menée et portée en air, s’estant donnée au diable, en accointance charnelle avec luy et d’avoir ensorcelé une femme et quatre enfans, doit estre tenue pour sorcière et mérite de perdre la vie par le feu ; cependant, considérant son bas eage, il luy est advis de la condamner à la morte par une saignée du pied en l’eau.
L’advocat Overdaet dit, joignant toutes les confessions de la prisonniêre, il y a matière suffisante de la tenir pour sorcière : pourquoy il lui est d’avis de la condamner au dernier supplice l’estranglant à un posteau et puis la bruslant en cendres.
Le pensionnaire Lefebvre est aussi d’avis de la condamner au dernier supplice, la faisant estrangler à un posteau puis la bruslant en cendres.
Le greffier Le Duc est de mesme avis.
L’advocat Plétincq de mesrne. Le greffier Pottier dit que la prisonnière est convaincue par sa propre confession d’estre sorcière ; il est vray qu’elle n’est suffisamment convaincue d’avoir maléfieé, mais considérant son eage, il luy est d’avis de la nourrir jusques à l’eage de 18 ans. Depuis, aiant considéré que la coustume ne se peut entendre que des mineurs non capables de dol, il luy est d’avis de la condamner au dernier supplice, comme les précédens.
Le greffier d’Ysembart dit que les variations de la prisonnière luy font doubter de la vérité de tout ce qu’elle a confessé : pourquoy, il luy est d’avis de la mettre à la question, et où elle insisteroit en ses confessions, il seroit d’advis de la condamner au dernier supplice comme ont dit les précédents ; mais où elle nieroit et changeroit, il voudroit la condamner à un bannissement.
Monsieur Robert l’a trouvée convaincue d’estre sorcière; pourquoy, luy est d’advis de la condamner au dernier supplice, comme ont dit les précédents.
Monsieur Le Duc est d’advis du greffier Porrier, de la nourrir jusque l’eage de 18 ans.
Monsieur Brabant d’avis du greffier Pottier, depuis du greffier d’Ysembart.
Monsieur Du Puis a demandé terme jusques à demain pour s’appaisier sur ses doubtes.
Conclu de condamner Marguerite Tiste à perdre la vie, la faisant estrangler à un posteau, et puis la brusler. Chacun 7 Livres 4 sols.
D. 27 juin 1671
Prononcé de la sentence.
Marguerite Tiste, combien que vostre devoir vous ait obligé de demeurer fidèle à Dieu, vous vous este nonobstant tant oubliée, qu’à la persuasion de vostre feue soeur, vous donnant au diable, cohabitant charnellement avec luy, aiant souffert qu’il vous ait marqué et porté aux danses, vous avez aussi, à sa suggestion, ensorcelé de maléfice quatre enfans et une femme. Sur quoy messieurs echevins
de ceste ville, vous aiant instruit vostre procès criminel, et par iceluy vous trouvé atteinte et convaincue du crime de sortilége, qui est de lèze majesté divine, et le veu en délibération du conseil avec leurs assesseurs et autres advocats, vous ont condamné et condamnent, à la scemonce de Monsieur Bailencour prévost de ceste ville et prévosté, d’estre estranglée et bruslée tant que la mort s’ensuive.
Ainsi prononcé à la scemonce du dit sieur prevost, par messieurs eschevins le Maire, Robert, de Gage, du Puit.
Et exécuté le dit jour.
[1] Poussière de charbon agglomérée.
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